Marrakech abritera du 27 au 30 novembre 2014, le forum mondial des droits de l’homme.
« Un jalon fondamental de la coopération Sud-Sud, en matière de droits humains », a commenté Driss El Yazami, le président du Conseil national des droits de l’homme (CNDH), lors de son déplacement à Buenos Aires, en Argentine, pour préparer le forum.
Etrange paradoxe, à l’heure où le régime marocain s’en prend aux organisations des droits de l’homme, il prend l’initiative de tenir un tel forum. Et il serait pour le moins révoltant que les pays concernés répondent à l’invitation d’un pays dont pas un mois ne s’écoule, sans qu’il ne soit pointé du doigt par plusieurs organismes, dont Human Right Watch, Amnesty International, ou encore l’Association marocaine des droits humains (AMDH) pour ses atteintes aux libertés.
Ces deux dernières organisations viennent d’ailleurs, de faire l’objet de représailles de la part des autorités marocaines, qui leur ont interdit la tenue des camps de jeunes qu’elles comptaient tenir en septembre, à Bouznika, en ce qui concerne Amnesty International et dans plusieurs autres villes du Maroc, pour l’AMDH.
Plus de deux mille (2 000) arrestations auraient été opérées, en rapport avec le « Printemps arabe » et les marches auxquelles il a donné lieu et plus de deux cents (200) prisonniers politiques croupissent actuellement dans les geôles marocaines, dont soixante-dix (70) sont des militants du Mouvement du vingt février.
Plusieurs de ces derniers ont fait état de passages à tabac et de torturesépouvantables, lors de leur passage dans les locaux de la police et après leur incarcération.
La préférence des sécuritaires pour faire condamner les militants, va de l’accusation de trafic de stupéfiants, à celle d’atteinte à la dignité d’un corps constitué, en passant par les déclarations mensongères ou l’ébriété publique.
Notons également que plusieurs islamistes sont détenus dans les prisons marocaines, pour de prétendues préparations ou complicité d’actes de terrorisme, sans que leur soit donné les moyens d’une défense digne de ce nom.
D’autres ont été condamnés sur la base d’aveux arrachés sous la torture ou de procès-verbaux fabriqués de toute pièce par les services de sécurité. Les plus pauvres d’entre eux, vivent des conditions de détention abominables, dignes du Moyen Age, particulièrement ceux incarcérés à la prison de Toulal à Meknès.
Brimades, passages à tabac, torture, viols, privation de douche, de savon, de nourriture, de visites familiales, de téléphone, sont leur lot quotidien, sans oublier la vermine et les rats qu’ils côtoient au quotidien.
Enfin, le Maroc continue d’interdire un certain nombre d’associations ou priver certaines de leur droit légitime à se constituer, au prétexte que quelques dirigeants déplaisent « à qui de droit »
Le Makhzen n’en a cure. A l’heure où la répression bat son plein, les préparatifs vont bon train pour l’organisation du sommet en question, avec une dilapidation des deniers publics qui sera proportionnelle aux exaction du régime, dont les observateurs s’accordent à dire qu’elles n’ont jamais été aussi nombreuses et aussi violentes, depuis l’arrivée de Mohammed VI au pouvoir.
Salah Elayoubi
DEMAINONLINE, 09/09/2014
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