Nouvelles révélations sur le financement libyen de Sarkozy

Alors qu’il s’apprête, dans moins de deux jours, à faire un retour fracassant en politique avec à l’avenant tout un show médiatique, l’ex-président Sarkozy est à nouveau à la Une des médias français pour le financement supposé de sa campagne électorale de 2007 par le défunt libyen, Maâmar Kadhafi. Parmi les nombreux témoignages qui ont fleuri sur ce financement vient celui du cousin de Kadhafi , qui a été un des personnages-clé du régime libyen. 
En effet, et dans un entretien accordé à L’Express, dans sa dernière édition, Ahmed Kadhafi al-Dam, cousin du Guide et ex-dignitaire du régime de Tripoli, affirme que le colonel libyen avait apporté un soutien financier au candidat à l’Élysée lors de la campagne de 2007. L’entourage de l’ancien président dénonce un « témoignage fantaisiste». «Le colonel Kadhafi m’a dit : «Nous devons aider Nicolas Sarkozy à devenir président». «Il était prêt à engager tous les moyens pour qu’il soit élu en 2007.
«Ainsi, parle Ahmed Kadhafi al-Dam. Interrogé, dès juillet dernier sur ces accusations, l’entourage de Sarkozy livrait la réponse suivante : «Il s’agit, une fois de plus, d’un témoignage fantaisiste, sans aucune crédibilité.» Le «une fois de plus» fait référence aux précédents témoignages recueillis dans cette affaire. L’ancien président a toujours contesté avoir bénéficié de fonds libyens. «Tous les moyens», de la bouche de Kadhafi al-Dam, 62 ans exilé au Caire, en Égypte, cela veut surtout dire avec de l’argent, «des dizaines de millions d’euros», indique-t-il dans l’entretien à L’Express publié dans son numéro de mercredi. 
Ces accusations, contestées par l’entourage de l’ancien président de la République, n’apportent pas la preuve d’un financement libyen de la campagne présidentielle de 2007 de Sarkozy. De telles preuves, si elles existent, ne sont pas encore accessibles. Les propos d’Ahmed Kadhafi al-Dam, avec lequel le colonel Kadhafi entretenait une relation privilégiée, viennent néanmoins rejoindre d’autres témoignages, plus ou moins précis, recueillis depuis deux ans dans cette affaire. Interdit de visa en Europe pour des atteintes aux droits de l’homme, Khadafi al-Dam nie avoir commis de telles exactions. 
À Paris, l’ambassade de Libye va dans son sens, en affirmant qu’aucun crime de sang, lié au régime déchu, ne lui est reproché. Si Tripoli a délivré à son encontre un mandat d’arrêt international, c’est pour «détournement de fonds publics». Un avocat français, ancien ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac, Hervé de Charette, assure sa défense dans cette affaire. Après avoir lu le dossier, il s’étonne : «Le mandat d’arrêt mentionne des détournements d’argent mais ne fournit aucune précision. 
Tout ce que l’on a réussi à savoir, c’est que l’accusation repose sur des dénonciations orales, obtenues par des interrogatoires de police. «Ahmed Kadhafi al-Dam a servi le régime libyen de Khadafi pendant quarante-cinq ans. Au sein de l’armée, il assure un temps le commandement de la garde rapprochée de Kadhafi, une unité de 22 000 soldats d’élite. Il est surtout son diplomate attitré, à la fois conseiller spécial et émissaire particulier. D’une capitale à l’autre, il porte alors les messages du colonel, s’efforce de rétablir les liens avec l’Égypte, l’Arabie saoudite ou l’Occident. Le Français Christian Graeff, chercheur associé sur le monde arabe au CNRS, ambassadeur à Tripoli de 1982 à 1985, l’a toujours vu à la droite du colonel. «Il avait un statut hors cadre, se souvient-il avec pour titre celui d’Ambassadeur itinérant, chargé d’arranger certains dossiers diplomatiques. «Roland Dumas, ministre des Affaires étrangères de Mitterrand, confirme son importance : «Chaque fois que je rencontrais Kadhafi, son cousin était là. Il avait en lui une confiance absolue pour toutes les affaires.» Jusqu’aux plus sensibles. Ainsi, quand la France accuse la Libye de l’attentat contre le DC 10 d’UTA, en 1989, il débarque secrètement à Paris pour déminer le dossier avec Mitterrand. 
Lors de l’inssurection de février 2011 à Benghazi, Kadhafi al-Dam assure avoir alors incité son cousin à ouvrir le dialogue. Mais celui-ci a refusé. Voyant derrière ces contestations la menace d’islamistes armés et de nations hostiles, il envoie son fils Khamis, commandant d’une brigade d’élite, réprimer les manifestants. Ahmed Kadhafi al-Dam file au Caire. En rupture avec son cousin, il déclare à la presse locale : «Je démissionne de toutes mes fonctions, en protestation contre la façon dont la crise a été gérée. «Au bord du Nil, il emménage dans un luxueux appartement, sous la protection de gardes du corps. 
Libre, il reprend son bâton de diplomate et noue contact avec de jeunes rebelles de Benghazi. «Je me rends compte qu’ils ont été débordés par les islamistes, armés par le Qatar et la France. «Quand les Rafale français passent à l’attaque, le 19 mars, il appelle Kadhafi, se réconcilie avec lui et décroche son feu vert pour prévenir les Français et leurs alliés que Tripoli veut négocier. «Kadhafi acceptait si l’Occident arrêtait les bombardements, de se retirer du pouvoir, de discuter avec les rebelles et de garantir aux Libyens le libre choix de leur régime. Mais les Occidentaux n’ont rien voulu savoir. « Ultime essai, il écrit au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon : «Je lui signale que les bombardements violent le mandat du Conseil de sécurité de l’ONU, limité à l’imposition d’une zone d’exclusion aérienne, et l’averti que le fait de détruire les forces aériennes, navales et terrestres du pays ouvre la route au gouvernement des gangsters et des milices. 
«Rien ne stoppe les avions de l’Otan. Sept mois plus tard, une escadrille de Mirage français bombarde le convoi de Kadhafi. Ce dernier est lynché sur le bord d’une route et le mystère demeure sur son assassinat qui a arrangé nombre de ceux qu’il a financés généreusement à travers le monde . Kadhafi al-Dam reçoit beaucoup au Caire et entend jouer un rôle important aux côtés d’anciens khadafistes dans la restauration de la paix et la stabilité en Libye. Il en veut beaucoup à Sarkozy qui l’a rencontré à Tripoli en 2005, puis à Paris en 2007 et lui reproche d’avoir détruit son pays et ouvert les portes du Sahel au djihadisme. Surtout, il l’accuse d’avoir bénéficié du soutien financier du colonel dans son ascension vers l’Élysée. 
Ces accusations, rejetées par l’ancien président français, viennent compléter un dossier qui n’a sans doute pas fini de peser sur son retour en politique. C’est sans doute ces casseroles juridiques et la détérioration de la situation politique et économique avec une perte de crédibilité considérable de François Hollande qui pousse l’ancien locataire de l’Élysée à revenir au devant de la scène politique en prenant la tête de l’UMP et surtout se faire élire à la magistrature suprême pour échapper à la justice française, qu’il considère manipulée et acharnée contre lui .
M. B.

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