Humain Rights Watch désavoue le Maroc

Par Rachid Chihab
Le Maroc reçoit une gifle de la part de l’ONG américaine Humain Rights Watch (HRW). Les allégations marocaines selon lesquelles les camps de refu- giés de Tindouf ressemblent à des centres de concentration ont été for- mellement démenti par cette organi- sation. Dans un rapport présenté hier, à Alger lors d’une conférence de presse, le directeur adjoint du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, Eric Goldstein a fait savoir que l’enquête effectuée sur le ter- rain par des chercheurs de HRW a démontré le contraire de ce qu’affir- ment les autorités marocaines. 
 »Les réfugiés du conflit au Sahara occidental qui vivent depuis quatre décennies dans des camps situés dans le désert algérien semblent être généralement en mesure de quitter ces camps s’ils le souhaitent, mais ils sont confrontés à des restrictions de certains de leurs droits », a-t-il déclaré. Les chercheurs de Human Rights Watch qui se sont rendus dans les camps de réfugiés ont été libres de se déplacer et d’interroger les réfugiés de leur choix en privé, en s’exprimant en arabe et dans le dialecte hassaniya. Ils se sont entretenus avec au moins 40 réfugiés dans les camps et 12 réfugiés à l’extérieur de ceux-ci, ainsi qu’avec des responsables du Polisario et des étrangers travaillant pour des agences de l’ONU et pour des organisations non gouvernementales, note le rapport. 
En outre, le conférencier a jugé exagéré les déclarations des autorités marocaines évoquant l’absence totale de la liberté d’expression dans les camps de refugiés de Tindouf.  »Bien que le Polisario tolère certains propos et manifestations critiques à l’égard de sa gouvernance, Human Rights Watch a recueilli des allégations crédibles selon lesquelles les autorités harcèleraient certains détracteurs pour s’être ouvertement exprimés », a-t-il dit. Sur ce point, toujours il indique que des informations récentes indiquent qu’une femme est séquestrée par sa famille dans un de ces camps et les autorités du Polisario ne sont toujours pas intervenues afin d’assurer le droit de cette femme à la liberté de déplacement. 
Par ailleurs, l’orateur affirme que le Polisario assure être favorable à l’élargissement du mandat de la Mission de l’ONU pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), la force de maintien de la paix des Nations Unies dans la région, afin d’inclure dans ce mandat la surveillance des droits humains. Le Maroc est toutefois opposé à cet élargissement du mandat, en tant qu’atteinte présumée à la souveraineté qu’il revendique sur le territoire. 
Par ailleurs, l’ONG déplore le fait que les droits de certains civils traduits devant des tribunaux mili- taires ont été restreints, et des pra- tiques de type esclavagiste continuent d’exister dans des cas isolés. Pour mettre fin à cette situation, l’organisation recommande la révision des lois relatives au fonctionnement des tribunaux militaires et la création d’un mécanisme de surveillance des droits de l’homme au sein des camps de refugiés de Tindouf. Enfin, l’orateur a appelé encore une fois que le Conseil de sécurité de l’ONU devrait élargir le mandat de la MINURSO afin d’y inclure l’observation et la publication de rapports sur la situation des droits humains, tant au Sahara occidental que dans les camps gérés par le Polisario en Algérie, ou bien établir un mécanisme alternatif par lequel l’ONU puisse fournir une surveillance et une communication de l’information régulières, indépendantes à partir du terrain. Avec la publication de ce rapport le Maroc perd une nouvelle bataille. 
R. C.
Les Débats, 19 oct 2014

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