Quand il ne s’attaque pas à l’Algérie sous des prétextes fallacieux eu égard a ce qui l’attend devant le Conseil de sécurité sur la question du Sahara occidental, le Maroc et son ambassadeur s’agitent beaucoup pour que l’on parle du royaume «enchanté.» Ainsi, fâché que l’IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques), dirigé par Pascal Boniface, fasse les beaux yeux à la Tunisie et oublie le «miracle» marocain, l’ambassadeur du royaume à Paris et néanmoins citoyen franco-marocain Chakib Benmoussa, harcèle cet organisme pour qu’on parle du Maroc, et si possible en bien.
Selon une source diplomatique, Benmoussa aurait même proposé à l’IRIS de «financer» des colloques pour que l’autocratie chérifienne et son grand Manitou soient un peu plus visibles dans les cercles intellos parisiens. L’ambassadeur a dû être persuasif car le premier de ces «colloques scientifiques» aura lieu à l’IRIS le 4 novembre prochain. Ce jour-là, l’IRIS accueillera une conférence-débat intitulée «Le Maroc dans le contexte des soulèvements arabes». L’ambassadeur Benmoussa, dont c’est l’idée, n’apparaît évidemment pas parmi les organisateurs. C’est Ali Bouabid, délégué général de la Fondation Abderrahim Bouabid, Khadija Mohsen-Finan, chercheuse tunisienne associée à l’IRIS et spécialiste du Maghreb et Pierre Vermeren, professeur à l’Université Paris 1 et grand producteur de livres génériques sur le Maroc qui seront chargés d’animer la fête. Avec l’apport significatif de Didier Billion, le directeur adjoint de l’IRIS dont les attaches avec le Maroc sont connues.
Pour avoir de la visibilité mais surtout pour masquer la situation socio-économique lamentable du pays, les dirigeants marocains ne reculent devant aucun subterfuge pour jeter de la poudre aux yeux. Ainsi par la grâce de Jack Lang, qui n’a rien a refuser au royaume dont il apprécie les charmes et les délices, une exposition sur le Maroc a été organisée a grands frais à l’Institut du monde arabe et a même été inaugurée par le président français François Hollande. Le souverain marocain n’a pas cru utile de se déplacer et a délégué sa jeune sœur pour le représenter. Par ailleurs et craignant l’effet désastreux sur sa politique de colonisation au Sahara occidental, le Maroc, sans gène, fait campagne à Barcelone contre le droit à l’autodétermination en catalogne. Selon des milieux indépendantistes catalans cités par le journal marocain en ligne, Demain , ces milieux se montrent de plus en plus gênés par le comportement du consul général du Maroc à Barcelone, Faris Yassine. Ces milieux considèrent que le consul, comme son prédécesseur d’ailleurs, est en train de se mêler de choses qui n’ont rien à voir avec sa mission.
Selon ces mêmes sources, le consul se serait lancé dans une campagne de sensibilisation de la communauté marocaine en Catalogne, forte de 300 000 personnes, sur les dangers de l’hypothétique sécession de cette vaste région, considérée comme la plus riche d’Espagne. Cette campagne, dont le chef d’orchestre est le chef de la cellule de la DGED (Direction générale des études et de la documentation, services extérieurs marocains) au consulat de Barcelone, insiste auprès des responsables des associations marocaines, surtout celles qui sont financées par le Makhzen, de l’importance de convaincre les Marocains à voter non à l’indépendance de la Catalogne au cas où Madrid autoriserait un référendum.
Certaines interventions musclées de l’agent de la DGED, ont poussé il y a quelques mois l’Association des amis du peuple marocain (ITRAN), à déposer plainte contre le consul général pour harcèlement et intimidations. Une plainte qui n’a, selon un observateur espagnol, aucune chance d’aboutir en raison du resserrement des relations entre Madrid et Rabat.
La campagne du consul à Barcelone est considérée par des sources de la Generalitat (gouvernement autonome catalan) comme une entorse à la neutralité que devrait observer un agent diplomatique étranger. Surtout quand il s’agit de citoyens espagnols, qui sont considérés comme tels en Espagne même s’ils sont d’origine marocaine.
Mokhtar Bendib
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