Ce qui s’appelle pompeusement la «Marche verte», n’est qu’une entreprise de bluff mettant à l’épreuve, au début novembre 1975, le 6 plus exactement, les institutions mondiales pour la paix et la sécurité entre les nations
Par Nadir Bacha
Ce qui s’appelle pompeusement la «Marche verte», n’est qu’une entreprise de bluff mettant à l’épreuve, au début novembre 1975, le 6 plus exactement, les institutions mondiales pour la paix et la sécurité entre les nations. Les principales, l’Organisation des nations unies et la Cour internationale de justice, avaient arrêté en instance que ce pays n’a aucune souveraineté sur le Sahara occidental et reconnaissent explicitement l’ascendant sur ces territoires des populations qui l’occupent depuis des siècles jusqu’au jour où l’Espagne a décidé de se retirer. Elles avaient prévu pour cela un référendum d’autodétermination faisant s’exprimer les populations vivant dans les territoires colonisés. Et c’est cette formulation de la consultation directe envisageant la solution définitive qui ne veut pas entrer dans l’esprit des dirigeants marocains, à leur tête le roi Mohamed VI. Qui continue de cultiver le leurre et la hâblerie sur le devoir universellement admis de la propriété du Sahara occidental. Dont l’étau de son règlement légitime est en train de se refermer sur lui et sur la fumisterie de ses démarches affabulatrices qui n’ont pas de place dans les convenances diplomatiques en cours dans le monde.
Au lendemain du rapport de la Cour internationale de justice sur la question de la décolonisation et la destinée du Sahara occidental, le roi Hassan II, le géniteur de l’actuel souverain, a carrément menti à ses sujets en leur disant que cet organe judiciaire mondial a été favorable aux doléances marocaines. Il s’en est suivi alors un appel de mobilisation pour une marche «pacifique» vers les territoires du Sud, encore partiellement occupées par les forces espagnoles. Cette opération a été précédée par un monumental travail de propagande, de bourrage de crâne, et d’excitation à la haine du voisin algérien, déclaré par le palais comme l’ennemi empêcheur de l’unité du royaume. Mais entretemps, dans le déroulement de cet endoctrinement tous azimuts, le monarque, tout le temps vêtu de sa tenue militaire, avait chargé en secret son armée d’aller occuper certaines positions stratégiques dans les parties libérées par les troupes espagnoles. Dès lors, tous les 6 novembre, le palais orchestre une cérémonie festive, dans laquelle il tente de noyer les innombrables misères que traverse la majorité des sujets en évoquant ce jour de «gloire» du recouvrement de souveraineté sur les territoires sahariens, sans jamais manquer d’y adjoindre la diffamation, voire le blasphème sur les autorités algériennes. Et d’année en année, plus la précarité gagne sur les populations marocaines et que les prémices de la révolte se dessinent, mieux la diatribe est acerbe qui cible le grand voisin oriental. Réitérant qu’il est le danger permanent pour le bonheur du Maroc.
Pour ce 39e anniversaire, le roi ne mâche pas ses mots dans l’offensive, il va plus loin que qu’il n’a jamais été jusque-là : pour lui l’Algérie est la principale cause du conflit du Sahara occidental. Et que la résolution du problème saharien doit nécessairement passer par le désintéressement de l’Algérie sur cette question. C’est-à-dire que l’Algérie doit, du jour au lendemain, se réveiller le matin pour aller renier ses principes. En plein novembre, les valeurs de liberté qui ont conduit l’Algérie au consentement pour le sacrifice du dixième de sa population. Traitant du volet sécuritaire le roi du Maroc déclare carte sur table, dans un arrière bruit de menace, qu’il ne faut pas compter sur une stabilité dans la région tant que les Algériens ne se décident pas à une «perception responsable» sur la question du voisinage. Par perception responsable il s’agit de comprendre que les dirigeants algériens sont tenus -s’ils veulent la paix pérenne et garantie- d’applaudir aux manigances du palais dans l’entreprise de priver les Sahraouis de leurs bien légitimes, et de l’aider auprès des instances internationales penchées sur ce problème, pour que, dorénavant, elles calibrent leurs résolutions selon les desiderata marocains. C’est facile, a l’air de dire le roi, avec l’argent du pétrole et du gaz, au lieu de drainer cette richesse dans le but «d’ouvrir des portes au mépris du droit et de la légalité, pour acheter les rapports techniques orientés ou les recommandations ambiguës dans le dessein de concilier les revendications de toutes les parties». Après sa presse, il croit convaincre ses sujets
avec ça.
N. B.
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