Dans son discours, insultant et mensonger à l’égard de l’Algérie, le monarque marocain parle de «dollars» qu’il n’aurait pas,et qu’il se suffit de «l’amour» de son peuple qu’il dépèce allègrement. En effet, il se trouve que Mohammed VI s’en tire plutôt bien du côté fortune,et il figure parmi les monarques les plus riches du monde. Il est à la tête d’un joli pactole s’élevant à près de 5 milliards de dollars sans parler de son immense patri- moine. Il caracole à la septième place des rois les plus aisés du monde sur une liste comprenant quinze souverains. C’est ce que révèle le palmarès du magazine améri- cain “Forbes”.
La publication spécialisée dans l’évaluation des fortunes des grandes célébrités de ce monde, notamment les monarques, plaçait déjà le roi du Maroc à la tête du classement relatif à l’accroisse- ment des richesses pour l’année 2008. Sa fortune dépasse ainsi la fortune de l’émir du Qatar et elle est six fois supérieure à celle de l’émir du Koweït. Il laisse à la traîne les fortunes du prince de Monaco, Albert II,de la reine d’Angleterre, Elisabeth II, et de la reine Beatrix des Pays-Bas. Mouhamed VI perçoit une liste civile de centaines de milliers de dollars mensuels non soumis à l’impôt.
Dans son article, Forbes souligne également que l’entretien et la maintenance des douze palais royaux, répartis sur tout le territoire marocain, nécessitent une dépense évaluée à plus de 1 million de dollars par jour. Car le palais est un gros employeur, avec pas moins de 1 100 postes budgétaires pour une masse salariale annuelle d’environ 70 millions de dollars.
Le budget dédié au parc automobile est de plus de 7 millions de dollars, auxquels s’ajoutent quelque 2 millions de dollars de dépenses vestimentaires. “Mohammed VI a amassé, depuis qu’il a succédé à son père Hassan II, en 1999, une importante fortune qui fait de lui l’un des monarques les plus riches de la planète”, selon des familiers de la monarchie marocaine .“Jamais Hassan II ni la famille roya- le ne sont apparus dans les classements des fortunes mondiales, établis notamment par le magazine américain Forbes”, ajoute cet observateur.Alors qu’elle était estimée à 500 millions de dollars au début des années 2000, la fortune de Mohammed VI a en effet été multipliée par cinq en 2008 déjà selon le magazine américain. Et encore, ce n’est que la partie visible de l’iceberg. La fortune royale a toujours été enveloppée d’un halo de mystère. Rares, sont les personnes qui ont osé faire des estimations de cette fortune.
Dans les années 1990, Abdelmoumen Diouri,un opposant au régime, avait tenté de faire l’inventaire des biens de Hassan II. L’estimation, fortement contestée par le palais, établissait la fortune royale à quelque 10 milliards de francs en dépôt dans différentes banques européennes et américaines. Elle comprend, au Maroc, une vingtaine de palais, plusieurs milliers d’hectares de terres agricoles qui ont été pour la plupart confisquées aux colons à la suite de la “marocanisation”instaurée par Hassan II, le groupe Omnium nord-africain (ONA : mines, agro-indus- trie, communications, assurances, distribu- tion),la Sevam (emballage,embouteillage), Primarios (mobilier), la Compagnie chérifienne des textiles (CCT : textiles, films de serre agricole)… Plusieurs immeubles à Paris et à New York,de nombreuses pro- priétés en France et aux États-Unis.
Au début de son règne, l’entourage du monarque avait peaufiné pour lui une image de “roi des pauvres”, qui a vite cédé la place à celle d’un roi amasseur de fortunes.Aujourd’hui, il est plus que jamais présent dans le paysage économique du pays.Détenteur de la plus imposante fortu- ne du pays,le roi est à la fois premier entrepreneur, premier banquier, premier exploitant agricole,etc.“Monarque exécu- tif”, comme il insiste pour le rappeler dans certains de ses discours,il bénéficie de pou- voirs constitutionnels lui conférant le statut hégémonique de juge et partie. Cette situa- tion suscite de plus en plus de commen- taires appuyés de la part d’investisseurs nationaux et étrangers. On se souvient du coup d’éclat de Miloud Chaâbi, patron d’Ynna Holding, qui a appelé à ce que le monarque “sorte des affaires”.
La prévalence de la monarchie dans le secteur économique n’a jamais été aussi forte. Elle s’est accentuée depuis la mort de Hassan II. L’argument qui veut que le chef de l’État soit aussi aux commandes de l’éco- nomie pour mener la locomotive d’un royaume à la croissance présente plusieurs limites. La manière déséquilibrée dont sont menées ses affaires et la prédation de ses holdings depuis son accession au trône bat en brèche cette argumentation. La fortune royale a toujours été un grand tabou. L’estimation de Forbes est bien en deçà de la réalité. M.B.
Le Courrier d’Algérie, 09/11/2014
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