par Yazid Alilat
Le Maroc est en passe de devenir le pays le moins fréquentable du monde. Et le plus imprévisible. La raison ? Après le «pied de nez» à l’ONU, son SG et son envoyé personnel pour le Sahara occidental, en fermant la porte à toutes discussions sur l’avenir de ce territoire qu’il occupe depuis maintenant presque 40 ans, Rabat vient encore une fois de s’illustrer, cette fois-ci sur le terrain sportif. Avec leur manque traditionnel de sportivité, les autorités marocaines viennent en effet de mettre dans l’embarras la Confédération africaine de football (CAF) en refusant d’abriter la prochaine édition de la Coupe d’Afrique des Nations (17 jan-8 fév. 2015). Officiellement, les autorités marocaines invoquent une raison absolument farfelue, celle du virus Ebola qui pourrait être introduit au Maroc.
La CAF est au pied du mur et doit prendre demain mardi une décision courageuse. D’abord sanctionner lourdement cette inadmissible légèreté du Maroc vis-à-vis d’une Confédération qui compte une cinquantaine de pays membres, ensuite, en faire un exemple en matière de sanctions disciplinaires contre un pays qui a fait fi de tous ses engagements internationaux. Aucun pays au monde, depuis l’organisation des compétitions sportives internationales, même l’URSS au temps de la guerre froide, n’a osé braver la communauté sportive internationale de la sorte et, ce faisant, renier le principe du respect des autres nations à participer à des joutes sportives ouvrant les perspectives de fraternité et de concorde entre les peuples.
La décision du Maroc de ne pas abriter cette CAN, outre le fait qu’elle hypothèque la préparation des équipes qualifiées et sanctionne celles qui ont participé aux éliminatoires, est une insulte à tout le continent africain, à ses peuples, sa jeunesse, ses espoirs de faire de cette CAN un autre rendez-vous sportif continental.
La CAF, acculée dans ses derniers retranchements, doit, quant à elle, avoir le courage de prendre les décisions qu’il faut, où il faut, quand il faut. Il est clair que l’attitude des autorités marocaines est également insultante à l’égard des pays africains qualifiés, mais qui, selon la vision des choses du Makhzen, sont porteurs potentiels du virus Ebola. Quelle belle image le Maroc de M6 donne aux Africains et aux pays où il s’est rendu durant cet été pour parler «bizness», mais surtout pour jouer les trouble-fêtes dans une Afrique qui a, depuis un moment, oublié l’existence politique de ce pays autrement que dans les joutes sportives.
A l’Union africaine, le Maroc est rayé depuis 1982. Et avec cet épisode, il confirme qu’il est vraiment «out» de l’Afrique. D’exclu politique il devient un pestiféré pour les sportifs. Cette décision saugrenue va avoir un effet boule-de-neige sur les autres fédérations sportives africaines où l’esprit de solidarité a toujours prévalu.
Pour autant, une question revient: pourquoi les autorités marocaines, qui ont peur d’une propagation du virus Ebola dans leur pays, sont-elles les seules à avoir autorisé leur compagnie aérienne à desservir, à partir de l’aéroport de Casablanca, les pays africains touchés par Ebola, dont le Liberia, le Congo ou la Sierra Leone ? La RAM dessert ces pays alors que la plupart des compagnies non africaines sont parties de ce marché qui, du coup, retombe dans l’escarcelle de la compagnie marocaine. Les raisons humanitaires invoquées par Rabat ont fait long feu. Car Rabat ne conçoit de solidarité avec l’Afrique que celle que lui dictent ses créanciers. Une fois de plus, le Maroc de M6 se ridiculise. En refusant de prendre en considération les rapports encourageants de l’OMS, Rabat prête le flanc à de drôles de rumeurs qui voudraient que le Makhzen «refuserait d’assister à un sacre» de l’Algérie à cette CAN
au Maroc.
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