MONSIEUR LE MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES ET DE LA COOPERATION
CONFIDENTIEL DESTINATAIRE PRINCIPAL : CAB/1- CAB/2- SG/4- DG/8/1
FAX N°:FC/ o3 /OK DATE: 9 Juin 2014 PAGE(S):
Objet ; Entretien avec Mme Malcorra sur la nomination du SRSG pour le Sahara.
J’ai l’honneur de vous informer que j’ai été reçu, cet après-midi, à sa demande, par Mme Susana Malcorra, Chef de Cabinet du Secrétaire Général des Nations Unies, qui était accompagnée de M. Hervé Ladsous, Secrétaire Général Adjoint au DPKO. L’entretien a été consacré, essentiellement, à la question de la nomination de Mme Kim Bolduc, au poste de Représentant Spécial pour le Sahara, et ce suite à lettre que j’ai envoyée au Secrétaire Général, le 22 Mai 2014.
Mme Malcorra a souligné qu’elle voulait m’informer du processus de nomination de Mme Bolduc, afin de dissiper tout malentendu avec le Maroc. Elle a indiqué que le DPKO a préparé un projet de réponse, mais qu’elle ne voulait pas l’envoyer, avant de s’entretenir avec moi.
/ : Nomination de Mme Bolduc :
M. Ladsous a présenté le processus ayant abouti à cette nomination :
– Le DPKO a suivi la procédure classique : appel à candidatures, entretiens et sélection de Mme Bolduc.
– Lors de sa réunion avec l’Ambassadeur du Maroc, en date du 25 Avril (M/F N. FC/205), il
l’avait informé du choix du Secrétaire Général de nommer Mme Bolduc.
– Un e-mail a été envoyé à la secrétaire de la Mission, contenant le CV de la nouvelle Représentante Spéciale.
– Le DPKO a chargé M. Wolfgang Weisbrod-Weber d’informer ses interlocuteurs marocains de cette nomination. Ce qui a été fait.
– Le DPKO a suivi la même procédure que par le passé.
Pour ma part, j’ai tenu à faire les clarifications suivantes :
– J’apprécie cette opportunité pour discuter, en toute franchise, des préoccupations exprimées dans
la lettre du Maroc au Secrétaire Général.
– Le Maroc reconnaît que la nomination des Représentants spéciaux relève des prérogatives du
Secrétaire Général.
– Toutefois, pour le cas de la nomination de Mme Bolduc, il y avait un problème de transparence, un manque d’informations et une absence de consultations.
– Par le passé, le Secrétariat consultait le Maroc avant le choix du candidat. 11 l’a fait tantôt par écrit, tantôt par téléphone, ou même en informant directement l’Ambassadeur.
– Pour ce qui est de ma rencontre avec M. Ladsous, du 25 Avril 2014, c’est moi-même, qui, à la fin de cette visite de courtoisie, avait exprimé ma surprise que tout New York connaissait le nom de la nouvelle SRSG, sauf le Maroc. M. Ladsous n’a fait que répondre, à mon insistance, en indiquant, off thé record, que le Secrétaire Général venait de signer la lettre de nomination de Mme Bolduc.
– C’est donc à mon initiative, et non celle de M. Ladsous, que le sujet du remplacement de M. Weber a été soulevé.
– Pour ce qui est de l’e-mail envoyé à la Secrétaire, j’ai mis en relief le fait qu’un email auquel est attaché le CV de Mme Bolduc, ne constitue pas une notification officielle sur un sujet aussi important, et qu’une secrétaire à la Mission, n’est pas l’Ambassadeur du Maroc.
– Je me suis enquis des raisons du secret qui a entouré la nomination de Mme Bolduc et insisté sur la nécessité de la coopération et de la transparence entre le Maroc et le Secrétariat. Un code de bonne conduite doit être suivi par les deux parties.
– A ce jour, le Maroc n’a pas été notifié, officiellement, au sujet de cette nomination.
Une notification, en bonne et due forme, est indispensable pour que les autorités marocaines puissent la recevoir et coopérer avec elle.
M. Ladsous, livide, n’a rien ajouté pour me contredire. Mme Malcorra a conclu la discussion en déclarant que :
Le Secrétariat n’avait aucune intention de cacher quoi que ce soit du Maroc. Il y a eu tout simplement, un malentendu.
Mme Bolduc est une collègue très sérieuse et dévouée dans son travail. Elle est très bien équipée pour réussir sa Mission.
Il convient, maintenant, de tourner la page de l’épisode de nomination de Mme Bolduc.
La lettre préparée par le DPKO ne sera pas envoyée à l’Ambassadeur du Maroc. Elle sera remplacée par une autre, plus courte, signée par elle-même, indiquant qu’elle a pris note des préoccupations du Maroc concernant la nomination de Mme Bolduc et que ces préoccupations ont été discutées lors de la réunion d’aujourd’hui, et notifiant la nomination de Mme Bolduc.
– Je lui ai demandé d’ajouter l’expression du souhait du Secrétaire Général que les autorités marocaines coopèrent avec elle. Ce qu’elle a accepté.
// : Tentatives d’interférence de l’Union Africaine dans le processus politique :
J’ai saisi l’occasion de cette réunion pour lui remettre une lettre au SG, dont copie ci-jointe, réitérant l’opposition catégorique du Maroc à une quelconque implication de l’Union Africaine dans le processus politique concernant la question du Sahara.
J’ai pris cette initiative en prévision de la visite annoncée de la délégation de l’Union Africaine à New York, pour s’entretenir avec les responsables onusiens.
Je lui ai présenté l’argumentaire contenu dans cette lettre.
Pour sa part, Mme Malcorra a indiqué qu’elle comprenait très bien nos préoccupations (I understand very well your concerns », et qu’elle allait porter son contenu à l’attention du
Secrétaire Général et en informer les parties intéressées au Secrétariat.
– Je compte circuler, demain, la copie de cette lettre aux membres du Groupe des Amis.
III : Réponse à ma question sur certains Etats :
Mme Malcorra a tenu à répondre à la question que je lui posée lors de notre déjeuner du 22 Mai 2014 (M/F N. FC/265 du même jour), concernant la référence à des « Etats membres qui portent un intérêt sincère sur la situation dans le territoire », incluse dans la lettre réponse du SG, à Sa Majesté Le Roi.
– Elle a précisé qu’elle a posé la question au DP A, qui a répondu qu’il s’agit des pays membres du Groupe des Amis.
– Il pourrait s’agir, fort probablement, du Royaume Uni, voire des Etats Unis, également.
Haute Considération
Ambassadeur, Représentant Permanent
Omar Hilale
SOURCE:
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