Samedi dernier, le Maroc avait définitivement tourné le dos à l’Afrique. Le Royaume Chérifien a réitéré la demande de report de la CAN-2015 qui devait se dérouler sur son sol
Par Mohamed Touileb
Samedi dernier, le Maroc avait définitivement tourné le dos à l’Afrique. Le Royaume Chérifien a réitéré la demande de report de la CAN-2015 qui devait se dérouler sur son sol. Avec cette décision, les autorités marocaines ont défié non seulement la Confédération africaine de football (CAF) mais tout un continent qui attendait avec impatience le prestigieux évènement footballistique. Une fête qui a l’habitude d’attiser les regards du monde entier vers une Afrique qui réussit, peu à peu mais avec brio, à se frayer une place parmi le gotha du football universel.
La CAN s’impose désormais comme une compétition majeure et importante dans le calendrier FIFA. Pour cette raison déjà, elle ne pouvait être différée à une date ultérieure malgré les arguments avancés par le Maroc qui faisait état d’un «cas de force majeure» et avançant la propagation du virus Ebola comme raison principale d’une demande quasiment infondée. Des justifications qui ne tenaient pas vraiment la route aux yeux de l’instance de Issa Hayatou. Cette dernière a décidé de maintenir la compétition à sa date initiale mais surtout habituelle.
Les Marocains ont donc lâché la «reine africaine» la laissant livrée à son propre sort, obligeant ainsi la CAF à lui trouver une autre terre d’accueil pour l’hiver prochain. Une attitude qui a valu au Maroc une disqualification de la 30e édition qu’il devait abriter. Par ailleurs, d’autres lourdes sanctions sur le plan sportif mais aussi financier (on parle d’une poursuite au titre des dommages et intérêts à hauteur d’un préjudice évalué à 20 millions de dollars, Ndlr) sont attendues comme l’a laissé entendre la structure footballistique, dirigée par le Camerounais, qui a prévenu qu’elle «appliquerait ultérieurement les dispositions règlementaires qui s’imposent, suite au non-respect par la Fédération royale marocaine de Football des clauses règlementaires et contractuelles» liées à l’organisation de la compétition.
Le pays de Mohamed VI sera mis à l’amende pour ne pas avoir honoré ses engagements. Il aura, en outre, sérieusement hypothéqué la tenue de la messe continentale.
Beaucoup d’enjeux se cachent derrière ce cas de figure inédit. La crédibilité de la CAF, la réputation de la balle ronde africaine mais aussi un calendrier FIFA qui aurait pu connaître une modification attentatoire pour l’avenir. Une brèche qui donnerait un sérieux coup et à la Confédération et à l’empire du football universel (FIFA), sachant que la date de la tenue du Mondial-2022 au Qatar fait déjà polémique. Le manque d’investissement et d’engagement du camp marocain aurait pu porter préjudice à l’aura du jeu à onze de l’Afrique.
Aujourd’hui, les joueurs africains réussissent à s’imposer dans le «football circus» européen. La marge de progression est assez considérable à ce niveau à tel point que les écuries du Vieux Continent accusent le coup quand les joueurs partent pour disputer la CAN. Surtout depuis l’instauration de la loi du Bahamas. Une «clause» proposée par le président de la Fédération algérienne de football (FAF), Mohamed Raouraoua, venue rehausser sérieusement le niveau du tournoi avec ces talentueux joueurs ayant forgé, à la perfection, leur don de l’autre côté de la Méditerranée. Pour leur part, Mehdi Benatia et ses camardes, feront les frais de cette rétraction des responsables. Les Lions de l’Atlas ne quitteront pas leur tanière et n’auront même pas eu le temps de Rugir (on ne pourra jamais savoir s’ils ont les crocs et les griffes pour défendre leurs chances) dans la jungle africaine où 16 sélections s’affronteront pour une couronne qui fait saliver. L’équipe nationale algérienne, qui a assuré sa qualification depuis octobre dernier (Tiens, tiens, c’était en octobre que la demande de report a atterri au siège de la CAF au Caire… !), sera bel est bien présente à ce rendez-vous. La forme actuelle des Verts les met sur le même piédestal que les archi-favoris de l’épreuve. Un sacre chez le voisin aurait été beau, surtout avec le nombre impressionnant des supporters qui se seraient rendus là-bas. Cependant, les inconditionnels algériens pourraient fouler les terres voisines pour partir encourager l’ES Sétif lors de la Coupe du Monde des Clubs (du 10 au 20 décembre prochains). Pour ces dates par contre, Ebola ne semble pas être une menace pour la «Bola».
M. T.
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