Par Djaouida Abbas
Nouvelle salve verbale du ministre des Affaires étrangères marocain à l’encontre d’Alger. Pour en parler, Salaheddine Mezouar a choisi Majlis Al-Mustacharin (la chambre des conseillers, l’équivalent du sénat, ndlr) de son pays. En effet, jeudi dernier, c’est dans cet espace que M. Mezouar, en qualité de ministre, a accusé les services secrets algériens (DRS) de fuiter des informations confidentielles marocaines, sans toutefois apporter de preuves à ses allégations. Explicitement, ce ministre accuse donc, le DRS d’être derrière ce qui pourrait être qualifié de Rabatleaks.
Pour information, depuis le mois de novembre dernier, des câbles, accablent le 7 rue F. Roosevelt. Avec documents à l’appui, diffusés sur le réseau Twitter, et signés » Chris Coleman « , ils portent sur les actions, menées top secrètes, par le Maroc dans ses relations avec l’Algérie, Israël- dans l’un des câbles de Rabaleaks-, est repris un email d’invitation, réceptionné par le cabinet du chef des services de renseignements marocains pour le congrès annuel de l’American Jewish Committee, un comité qui, par ailleurs, reconnaît et soutient la marocanité du Sahara Occidental- d’une teneur gravissime et jugées, ultrasensibles par Rabat, vu les réactions de sa classe politique dont, la mouvance islamiste qui a appelé, rappelons-le, cet automne, à ce que Rabat renonce à ses relations avec le pays ennemi de la Oumma, si Rabat n’a pas démenti ces câbles, sur place, les observateurs de la scène marocaine, en ont fait leurs choux gras.
En témoignent les réactions de la presse marocaine. Telquel décrit, » un État marocain vulnérable de par les failles sécuritaires dans son système de communication » et au journal de conclure sur la question sahraouie qu’il considère comme La lubie de Rabat.
Et c’est sans dans ce contexte, que le chef de la diplomatie marocaine s’est exprimé au sénat jeudi dernier. En faisant signer ces câbles par la main du DRS, il tente de faire diversion et de resurgir le patriotisme marocain, en jouant sur la fibre de la marocanité du Sahara Occidental, un sujet approuvé, majoritairement, par les marocains. En bref, il tente de faire détourner l’opinion publique sur les arcanes du pouvoir marocain. Pour lui, derrière cette signature anonyme se cache les services secrets algériens qui sont » derrière toute l’opération » pour déstabiliser le royaume.
A la question sahraouie dont, Rabat a toujours accusé Alger de soutenir le front Polisario dans le conflit maroco-sahraoui et démentis, plusieurs fois, par Alger- pour qui, le traitement de ce dossier est du ressort des Nations-Unies-Belliciste, M. Mezouar nie les démentis d’Alger, en affirmant qu’en direction d’Alger , son département compte garder le cap de la stratégie agressive, en 2015 » poursuivre une diplomatie offensive contre l’Algérie » pour prouver ,selon le chef de la diplomatie marocaine, l’implication supposée de l’Algérie dans le conflit maroco-sahraoui, nonobstant, l’incrédulité internationale des accusations marocaines à l’encontre de l’Algérie.
Pour rappel, la dernière sortie médiatique de M. Mezouar n’est pas inédite. En effet, le chef de la diplomatie marocaine et patron du parti Rassemblement national des indépendants(RNI), est un habitué des déclarations » sans diplomatie « . En moins de deux mois, ce sont, au moins, deux pays qui sont entrés dans la ligne de mire de M.Mezouar. Le premier est l’Algérie, pays avec qui il a ouvert un nouveau front, en sus de la question sahraouie dans laquelle il qualifie l’Algérie d’acteur extrémiste. Le 18 octobre dernier, il est monté au créneau pour diaboliser Alger, à la suite des provocations marocaines aux frontières des deux pays, que les experts de la région du Maghreb ont interprétées comme des tentatives de coup de Jarnac menées contre l’émergence de l’Algérie, en tant que premier interlocuteur du Maghreb, en terme géopolitique et sécuritaire. Le second pays auquel M. Mezouar s’est attaqué est la France. Pays qu’il accuse de mener des coups bas contre le Maroc. Ces déclarations au vitriol, le dénommé Mezouar les a tenues au lendemain de la convocation du patron des renseignements marocains à Paris. Toutefois, et pour préserver les bonnes relations entre son pays et la France, le sieur Mezouar a porté la casquette de son parti, le RNI en l’occurrence, et non du numéro un de la diplomatie marocaine. D.A.
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