Le Makhzen peut s’estimer heureux, d’une certaine bienpensance algérienne. Il y a quelques mois, un appel avait été lancé qui renvoyait dos à dos l’Algérie et le Maroc et qui réduisait la tension entre les deux pays à une question de rivalités entre dirigeants.
Au bout du compte, l’occupation ignominieuse et criminelle du Sahara occidental passera aux comptes des pertes et profits et l’Algérie devra céder sur toute la ligne, sur ses principes fondamentaux, depuis qu’elle les a faits siens, au regard de sa lutte de libération nationale. Elle devra s’aligner sur la politique expansionniste du royaume chérifien, sur le jeu machiavélique des Etats-Unis et de la France et accepter l’arrogance d’une monarchie, qui n’hésite pas à revendiquer des territoires algériens.
Tout bonus pour le colonialiste au petit pied, se fera l’ou- verture des frontières et l’abandon du soutien au Front Polisario, sans préjudice de l’affaiblissement de la position algérienne au profit d’une tête de pont assumée de la Françafrique.
Ainsi, se multiplient, au nom d’un apaisement et d’un évitement d’une guerre probable (rien que ça !), des interventions qui entretiennent une savante ambiguïté sur les causes réelles du froid qui sévit aux frontières ouest. Le Makhzen en est fort aise, il trône au-dessus de tout, il n’a rien à se reprocher que d’avoir de rôle de «frère ennemi», somme toute véniel, par rapport à sa volonté d’amener le pouvoir algérien à lui signer un quitus contre le Polisario et les Sahraouis. Il doit le faire pour répondre aux appels à la raison, peut-on lire. Sans qu’en fait soit définie ladite raison. Loin s’en faut. Alors vient à l’esprit ce que ce hacker marocain a publié comme documents classifiés. Surtout sur l’investissement médiatique, sur ces plumes achetées pour soutenir le Makhzen dans son œuvre de diabolisation de l’Algérie.
Vincent Hervouet, journaliste à LCI et ancien président de l’association de la presse diplomatique française, José Garçon, ancienne journaliste de Libération, Mireille Duteil et Dominique Lagarde, res- pectivement rédactrices en chef du Point et de L’Express, à l’époque (retraitées depuis), ont été démasqués.
Pour seule défense, ils nient avoir été payés par les services marocains, et ont expliqué qu’«ils écrivaient leurs billets gratuitement, pour rendre service à celui qu’ils présentaient comme un ‘’copain’’», nous dit le journaliste Jean.Marc Manach qui a authentifié leurs messages. «L’information est accablante pour quatre grands médias français, dont les journalistes ont ainsi travaillé en étant stipendiés par une puissance étrangère», peut-on lire sur rue89, dont l’article ne doute pas de la véracité des faits reprochés.
Qu’en est-il de ce qui n’est pas révélé ? La liste doit être plus longue qu’il n’y paraît. De là à humer l’argent makhzénien dans tout ce qui verse dans sa stratégie, il n’y a pas trop d’efforts à développer. L’intoxication semble d’ailleurs avoir fait son chemin dans l’esprit de certaines bonnes âmes du journalisme, qui se mobilisent angéliquement pour défendre la «paix» alaouite.
Nazim Rochd
Le Jour d’Algérie, 21/12/2014
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