Le Maroc, peut-il compter encore sur le soutien de la France dans la question du Sahara?

par Mohamed Fadel Sidi*
Au Maroc, c’est connu, il faut toujours chercher ailleurs les raisons du mécontentement des autorités marocaines. Celles invoquées officiellement ne sont que de la fumée pour cacher les véritables raisons qui sont souvent liées à la question du Sahara Occidental, ancienne colonie espagnole envahie par le Maroc en 1975 et 1979.
Dans le conflit qui l’oppose aux sahraouis, le Maroc se base sur ses relations avec la France pour défier la communauté internationale. Celle-ci renonce à regarder le territoire du Sahara Occidental autrement qu’un territoire non-autonome. En effet, « depuis 1963, le territoire est inscrit sur la liste des territoires non autonomes auxquels s’applique la résolution 1514 (XV) du 14 décembre 1960 de l’Assemblée générale des Nations Unies sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux. », comme l’a souligné en mai 2013 la présidente de la commission de l’Union Africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma. 
Pendant longtemps, le Maroc s’est appuyé sur la complicité de la France pour contourner la légalité internationale et combattre le principe du droit des peuple de disposer d’eux-mêmes auquel l’ONU s’est attaché pendant près de 40 ans. 
Aujourd’hui, la situation sécuritaire dans la région saharienne a poussé les grandes puissances à revoir leurs positions envers ce conflit qui, en plus, met en cause la crédibilité des Nations Unies et menace la stabilité dans toute la région. Les vives tensions liées à la menace terroriste au Mali et au Sahel en général ont imposé l’inscription de la résolution du conflit du Sahara Occidental dans l’agenda des Nations Unies et des grandes puissances, y compris la France dont le soutien inconditionnel au Maroc allait à l’encontre des efforts onusiens concrétisés dans le processus de paix instauré depuis le 6 septembre 1991.
« Alors je connais aussi le blocage. Il y a la question du Sahara Occidental qui attend son règlement depuis plus de 30 ans. L’impasse actuelle est préjudiciable à tous, je dis bien à tous. Aux familles séparées, aux réfugiés des camps, aux tensions entre les pays du Maghreb. Et s’il y avait un argument de plus qu’il conviendrait d’ajouter, c’est que la crise au Sahel rend encore plus urgente la nécessité de mettre fin à cette situation », avait dit le président français lors de son intervention devant le parlement marocain le 4 avril 2013 durant sa visite au Maroc. 
L’Union Européenne aussi s’est engagé dans la résolution du conflit marocco-sahraoui. « L’UE soutient les efforts de l’ONU pour parvenir à une solution juste, durable pour la question du Sahara Occidental, prévoyant l’autodétermination du peuple sahraoui sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de Sécurité de l’ONU », a souligné Mme Mogherini en réponse à une question d’un eurodéputé. 
Federica Mogherini a précisé en outre que l’UE « suit de près » l’évolution de la situation au Sahara Occidental, exprimant sa « préoccupation » concernant ce conflit qui dure depuis 4 décennies et ses « conséquences pour la sécurité, le respect des droits de l’homme et la coopération dans la région ».
Ainsi, du jour au lendemain, le Maroc s’est retrouvé dépourvu de son principal mentor, la France. Une réalité qui a poussé Rabat à suspendre la coopération sécuritaire avec son principal allié. Pour cacher cette réalité à l’opinion publique marocaine, le Makhzen évoquera l’incident de la justice française avec le chef de la DST marocaine, Hammouchi ou celui de Mézouar à l’aéroport d’Orly.
Il a beau invoquer l’immunité diplomatique de ses responsables ou des histoires de blasphémie mais la réalité est là : Ce que le Maroc cherche c’est le soutien de Paris dans la question du Sahara Occidental.

Aujourd’hui, le Maroc, après avoir perdu l’espoir de compter sur le soutien de la France a cédé devant la pression de la communauté internationale et décidé de laisser les responsables onusiens faire leur travail.

*Journaliste sahraoui

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