Selon une information se basant sur un rapport de Bruxelles, vieux de huit ans, une partie de l’aide octroyée par l’Union européenne aux camps de réfugiés sahraouis en Algérie serait détournée par « Alger ». Malheureusement, ni l’AFP ni les organes de presse ayant répercuté ce scoop tardif n’ont su diffuser le texte ou un extrait du rapport en question. Seuls quelques maigres détails portant sur la nature du blé ou l’aliment de volaille détourné, en guise de réquisitoire contre l’Algérie incriminée dans ce prétendu vol organisé.
Par-delà le calendrier des révélations accusatrices très décalé entre les faits et leur divulgation, on peut s’interroger au sujet du surdimensionnement politicien que vise ce type de propagande négative : si détournement il y eut, à cette époque, quels éléments objectifs auraient pu imputer le délit à l’Etat algérien, quand on sait qu’en matière criminelle le droit positif universel appréhende d’abord la responsabilité individuelle des actes à l’origine d’un préjudice ? En d’autres termes, il y a un énorme fossé entre la culpabilité supposée d’un responsable des douanes, d’une ONG ou d’une quelconque institution et la responsabilité d’un Etat.
Pourquoi n’a-t-on pas songé du côté de Bruxelles à saisir les autorités algériennes pour dénoncer ou faire part des inquiétudes quant au cheminement de l’aide apportée par l’UE aux réfugiés sahraouis hébergés en Algérie ? Prétendre que l’UE aurait préféré maintenir son soutien « en dépit de détournements avérés » relève du mensonge grossier. D’abord parce qu’il expose les décideurs européens à des poursuites judiciaires, devant les juridictions compétentes, pour non-dénonciation de fraude, voire complicité passive.
Ensuite, tous ceux qui connaissent le dossier sahraoui savent que les milliers de réfugiés ne vivent pas que de l’aide européenne depuis quatre décennies et que l’Algérie participe aussi généreusement que l’ensemble des donateurs dans la chaîne de solidarité. On ne comprend donc pas comment « Alger » pourrait cautionner pareille mesquinerie contre une population qu’elle soutient activement dans son combat contre le colonialisme, contre la spoliation de ses richesses, halieutiques notamment, opérée par l’occupant marocain au profit, justement, de certains pays européens.
Au lieu d’alimenter des polémiques malveillantes contre l’Algérie, l’UE ferait mieux de travailler à la mise en œuvre de la solution onusienne pour garantir le retour de ces réfugiés dans leur pays. Une solution de paix définitive qui passera inévitablement par l’organisation d’un référendum au Sahara occidental.
Le Jeune Indépendant, 25/01/2015
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