Christopher Ross, l’Envoyé Personnel du Secrétaire Général de l’ONU pour le Sahara Occidental, vient de se rendre à Rabat dans le cadre de la préparation du rapport qu’il présentera au Conseil de Sécurité au mois d’avril 2015, date que le SG Ban Ki-moon avait fixé comme limite pour la révision du processus en vigueur depuis 2007 si rien n’avançait dans les négociations entre le Front Polisario et le Maroc. Une révision qui pourrait ouvrir selon l’avis des juristes, à l’inscription du plus vieux conflit colonial en Afrique sous le chapitre VII des Nations unies.
A Rabat, Ross s’est trouvé sur la même table face à Omar Hilale, l’ambassadeur du Maroc à l’ONU. L’homme qui l’avait qualifié d’alcoolique et de « grand danger » dans les courriers confidentiels dévoilés par le mystérieux hacker appelé Chris Coleman.
Selon le mail échangé le 15 août 2014 entre le MAE Salaheddine Mezouar et l’ambassadeur Omar Hilale, le Maroc, en empêchant Mme Bolduc de regagner son poste à El Aaiun veut « envoyer un message de fermeté au secrétariat de l’ONU ainsi qu à Bolduc ». « Cependant à un certain moment, début septembre peut être , nous devrons lui parler pour clarifier ses intentions , poser nos lignes rouges , et lui demander des engagements fermes sur le strict respect de la seule triptyque de son mandat », écrit Omar Hilale signalant que le Maroc ne pourra « pas maintenir deux fronts ouverts avec le secrétariat surtout quand il s’agit de deux représentants du SG et désignés par lui. La pression sur nous sera intenable et nous finirons par céder sans rien obtenir ».
« Par contre, ajoute Hilale, si début septembre on obtient les garanties souhaitées de Bolduc et on la laisse regagner son poste ,on sera plus à l’aise sur le front de Ross .Car le grand danger c’est Ross qu’il convient d ‘immobiliser voire le morpholer en utilisant sa propre méthode : une pression constante sur lui et le secrétariat ».
Le Maroc avait désavoué le responsable onusien en 2012 l’accusant d’être derrière le rapport critique du SG de l’ONU qui met en exergue le statut du Sahara Occidental en tant que territoire non-autonome.
Dans une note dévoilée par Chris Coleman, les autorités marocaines reconnaissent que « le rapport est celui de toute la famille onusienne, mais le Maroc veut le rendre responsable de tout son contenu » pour mettre la pression sur lui et obtenir des concessions. Il en ressort également des mêmes notes que le Maroc est » traumatisé » par la question des droits de l’homme, notamment dans les territoires occupés. Avant l’échéance d’avril 2014, une note diplomatique marocaine propose de conforter M. Ross dans ses bons offices sans faire de concessions. « La prochaine visite de l’Envoyé Personnel et ses résultats constitueront l’essentiel du rapport du SG de mars prochain. Pour éviter que le rapport soit chargé par des développements sur les droits de l’homme, nous avons intérêt à « donner du blé à moudre » à M. Ross et à lui démontrer notre bonne volonté à mettre en œuvre sa nouvelle approche, tout en mettant les points sur les « i » et en clarifiant ce qui doit l’être, particulièrement sur la notion de compromis ainsi que la centralité et l’actualité de notre proposition d’autonomie », ajoute la même note.
Pour rappel, M. Ross a déclaré devant le Conseil de Sécurité qu’il « est important de maintenir la pression sur les parties et se poser la question, s’il y a d’autres choses à faire ». « Jusqu’à présent j’ai joué un rôle de facilitation sans avancer d’idées personnelles » a-t-il ajouté signalant qu’en « cas de persistance du blocage jusqu’en avril 2015, le Conseil pourrait, soit m’autoriser à faire une proposition aux parties, soit décider, dans le cas extrême de faire passer l’examen de la question sous le Chapitre VI de la Charte des Nations Unies ». Une déclaration qui a fortement dérangé à Rabat qui continue à parier sur le statu quo.
En vue d’éviter l’élargissement des prérogatives de la MINURSO, Mohammed VI s’est engagé à :
– Etablir un programme de visites régulières du Haut Commissariat pour les DH au Sahara Occidental
– L’enregistrement de plus d’ONG originaires du Sahara ;
– Cesser les poursuites judiciaires des civils par le Tribunal Militaire.
Le Maroc n’a pas respecté ses engagements à cet égard.
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