Amnesty International fait partie des neuf Ong qui dénoncent les mesures d’intimidation exercées par les autorités marocaines. Des poursuites pénales ont été engagées contre plusieurs personnes qui se disent victimes de tortures de la part «d’agents de sécurité marocains», explique Amnesty dans un communiqué.
Ces poursuites judiciaires visent également l’Acat (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture) qui représente les victimes en question. L’association créée en France,et dont le but est de combattre la torture dans le monde, était déjà à l’origine de plusieurs plaintes déposées en France contre des agents marocains, soupçonnés de torture. La réponse de la justice marocaine ne s’est pas fait attendre, puisque l’ONG révèle avoir reçu une convocation, le 23 janvier dernier,pour «diffamation, outrage envers les corps constitués, utilisation de manœuvre et de fraude pour inciter à faire de faux témoignages, complicité et injures publiques». L’Acat se porte déjà partie civile dans plusieurs procès contre des personnalités marocaines, accusées d’actes de tortures. L’une des plaintes vise notamment Abdellatif Hammouchi, directeur de la DGST marocaine. Le haut dirigeant sécuritaire,avait même été convoqué par la justice française en février 2014, provoquant par la même occasion une crise diploma- tique de plusieurs mois entre la France et le Maroc.
Le ministère de l’Intérieur marocain dénonçait alors une association au «parti pris flagrant» et donc le but est d’attenter à «l’intégrité territoriale du Maroc». Des déclarations qui résultent de l’aide apportée par l’Acat à plusieurs militants saharaouis, dont Ennaâma Asfari. Aujourd’hui, l’ONG est claire, le but de la convocation émise par les autorités marocaines est d’intimider l’organisation, ainsi que les plaignants. L’Acat souligne notamment le fait qu’aucune enquête impartiale n’ait été menée par la justice du Royaume chérifien.Entraînant,ainsi,un manquement à l’article 13 de la Convention de l’ONU contre la torture, poursuit l’ONG. Le Royaume viendrait donc entraver le droit aux victimes de porter plainte, et c’est le point principal que viennent dénoncer les organisations signataires, parmi lequelles Human Rights Watch, la Fondation Alkarama, la Ligue des droits de l’homme, l’Organisation mondiale contre la torture et TRIAL. Dans cette déclaration, elles appellent le Maroc à respecter ses «obligations conformément à la Convention contre la torture et à mettre immédiatement un terme à ces mesures apparentes d’intimidation».
De son côté, la Commission européenne s’est dite « inquiète » des atteintes aux droits humains des migrants au Maroc, a indiqué le Commissaire européen à la migration,aux affaires intérieures et à la citoyenneté, Dimitris Avramopoulos. Dans une réponse à une question parlementaire, Avramopoulous a affirmé que la Commission « a soulevé des inquiétudes aux autorités marocaines sur les atteintes aux droits humains des migrants au Maroc, à plusieurs reprises, notamment par le biais de sa déclaration, lors du Conseil d’association UE-Maroc, et au cours de la dernière session du sous-Comité UE-Maroc sur la démocratie et droits de l’homme. Le nouveau projet de 10 millions d’euros financé par l’UE, qui sera lancé en 2015, « vise à soutenir les autorités marocaines pour que les migrants en situation régulière et les réfugiés au Maroc aient les mêmes droits et accès aux services publics que les ressortissants marocains », a ajouté le responsable européen. La Commission euro- péenne « continuera d’exprimer ses graves préoccupations sur les événements de bru- talités policières contre les immigrants aux autorités marocaines par le chef de la délé- gation de l’UE à Rabat, et lors des pro- chaines réunions bilatérales », a-t-il conclu. M.B.
Le Courrier d’Algérie, 15/02/2015
Soyez le premier à commenter