L’histoire de la crise entre le Maroc et la France, construite médiatiquement, a été détruite par les faits. La vérité sur ces relations se trouve au Yémen où le Maroc représentera les intérêts de la France qui vient d’appeler ses ressortissants à quitter ce pays, en proie à des bouleversements inattendus, et a annoncé la fermeture de son ambassade dans la capitale yéménite, à compter d’aujourd’hui. Oui, les choses sont absolument claires, c’est l’ambassade du Maroc à Sanaa qui fera office de représentation française provisoire.
Le dernier soi-disant «froid» – certains disent «brouille» et d’autres avaient même parlé de «crise» – qui s’est installé entre Rabat et Paris n’est tout simplement qu’une mise en scène, une diversion. En fait, le mécontentement était plutôt marocain, né, il y a une année, de la convocation adressée au chef des services de renseignement marocain Abdellatif Hammouchi qui avait été déposée auprès de l’ambassadeur du Maroc à Paris et aussi de l’arrivée des agents français dans la résidence de l’ambassadeur. Dans la foulée, les deux pays ont suspendu leur coopération judiciaire, et, en apparence, Paris et Rabat semblaient irrémédiablement brouillés, avec une tendance à la détérioration de leurs relations. Et, il y a une quinzaine de jours, il y a eu l’annulation à la dernière minute de la visite à Paris du ministre marocain des Affaires étrangères Salaheddine Mezouar.
Le Makhzen, comme à son habitude, a distillé son mensonge destiné à manipuler l’opinion, en faisant croire que l’Algérie était pour quelque chose dans la pseudo-crise des relations entre la France et le Maroc. Il faut savoir que les responsables français ne se sont jamais gênés quand il s’agit de parler du royaume marocain. Rappelons les propos prêtés, en 2011, à l’ambassadeur de France aux Nations unies par l’acteur espagnol Javier Bardem, producteur d’un documentaire sur le Sahara Occidental : le Maroc est une «maîtresse avec laquelle on dort toutes les nuits, dont on n’est pas particulièrement amoureux, mais qu’on doit défendre». Les autorités marocaines avaient jugé ces propos «scandaleux», mais, sans aller plus loin, et tout était rentré dans l’ordre après une intervention du président français, François Hollande, qui avait assuré le roi du Maroc de l’amitié constante de la France. Cette amitié se concrétise aujourd’hui avec la décision de la France de choisir le Maroc pour représenter ses intérêts au Yémen. Ce geste prend toute sa signification si on le rapproche du contexte du conflit au Sahara Occidental. C’est, en effet, le moment où l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara Occidental, Christopher Ross, entame une tournée dans la région, et le moment aussi où Kim Bolduc, représentante spéciale pour le Sahara Occidental et chef de la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara Occidental (Minurso), prend ses fonctions. Le Maroc contrarié fortement sur ce front avait besoin de ce geste de Paris, pour être convaincu qu’aucune crise n’existe entre les deux pays et qu’il peut encore compter sur la France.
Houari Achouri
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