Le mouvement du 20 février revient à la charge au Maroc
Le spectre des révolutions du printemps arabe plane de nouveau sur le Maroc. En effet, le mouvement du 20 février, qui a bousculé la donne politique au royaume chérifien en surfant sur la vague de ces révolutions en 2011, revient à la charge pour demander plus de démocratie et pour dénoncer la corruption qui gangrène les institutions du royaume.
Plusieurs centaines de personnes ont marqué vendredi le quatrième anniversaire du mouvement pro- réformes du 20-Février, en participant à des sit-in à Rabat et Casablanca, les deux principales villes du royaume, ont rapporté les médias. Ils étaient environ 200 personnes à se rassembler en fin d’après-midi devant le Parlement de Rabat en scandant des slogans hostiles au régime tels que « Dignité! », « démocra- tie! », « non à la corruption! ».
Ainsi, après une inertie de quelques mois, ces militants » pro-réformes » réaffirment leur détermination à aller au bout de leur combat en témoigne quelques propos recueillis par l’AFP auprès des manifes- tants présents sur place. « Nous sommes là pour montrer que le mouvement du 20- Février (M20) continue. Certes, il a connu une régression mais il est toujours vivant », a expliqué un participant, Abdelhamid Amine. Et d’ajouter : « on continue à lutter pour un Maroc démocra- tique, à même de garantir la dignité et les droits humains pour toutes et pour tous ».
A Casablanca, la capitale économique, environ 150 personnes ont manifesté en arborant les mêmes slogans que ceux de Rabat pour le même mot d’ordre. Le mouvement du 20 février qui réclame des réformes politiques et sociales profondes, dénonce une répression à leur égard. Les autorités affirment de leur côté que l’essentiel des revendications ont été satisfaites avec l’adoption à l’été 2011 d’une nouvelle Constitution, sur ini- tiative du roi Mohammed VI.
Pour rappel, cette année-là, les manifestations avaient débouché sur le succès historique des islamistes du Parti justice et développement (PJD) lors des législatives. Obligé de réagir face à l’ampleur de la contestation, le roi avait prononcé son discours du 9 mars 2011 qui a débouché sur l’organisation d’un référendum por- tant sur l’adoption d’une nouvelle consti- tution le premier juillet 2011 et par les élections législatives du 25 novembre 2011, remportées, malgré le fort taux d’abstention, par le PJD.
Ainsi, le roi Mohammed VI avait nommé officiellement Abdelilah Benkirane chef du gouvernement de coalition à Midelt, le 29 novembre 2011. Le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, leader du PJD, remettra l’an prochain son mandat en jeu. Vendredi, les manifestants de Rabat ont exprimé leur intention de boycotter les scrutins à venir. En matinée, un premier ouvrage sur le M20, composé de textes et photos, a par ailleurs été pré- senté à la Bibliothèque nationale par une ONG locale » Le Médiateur pour la démocratie et les droits de l’Homme » (LMDDH).
La presse, elle, divergeait sur l’ampleur des résultats obtenus par ce mouvement inédit dans l’histoire récente du royaume ». Le 20-Février a permis de briser la peur du pouvoir dans l’esprit des gens, ainsi que de ramener à la politique des dizaines de jeunes qui se désintéressaient totalement des affaires publiques », se félicitait Taoufiq Bouachrine, du journal Akhbar al-Yaoum.
Si, « grâce à eux et à leur audace, le Maroc ne ressemblera jamais plus à celui d’avant », « on peut remarquer que les Marocains ont plongé de nouveau dans l’indifférence et la rési- gnation », regrettait par contre Abdellah Tourabi, dans un éditorial intitulé « 20- Février: une occasion manquée », publié dans l’hebdomadaire Tel Quel.
Y.G.
La Tribune des Lecteurs, 21/02/2015
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