Faisant fi d’une situation sociale détériorée, le régime marocain ne se prive pas d’arroser la Fondation Clinton avec une indécence inouïe, grâce à l’argent que procure la vente du phosphate, au lieu de diriger cette manne financière vers la réduction de la pauvreté qui frappe une grande partie de la population du royaume. En contrepartie, les Clinton offrent au Makhzen de la poudre aux yeux, en daignant organiser à Marrakech, les 5 et 6 mai prochain, la session pour le Moyen-Orient et l’Afrique de leur «Initiative globale».
Politico,un magazine politique basé à Washington, citant plusieurs sources ayant une connaissance directe des faits, rapporte, en effet, que cet événement est «financé en grande partie par une contribution d’un million de dollars au moins de l’Office chérifien des phosphates (OCP), un exportateur de phosphate appartenant à la monarchie constitutionnelle du Maroc».
Le magazine rappelle que pendant les années où Mme Clinton était à la tête du département d’Etat, «l’OCP a payé une équipe dirigée par Covington Eizenstat pour faire pression sur les agences du Congrès et les organismes fédéraux – y compris le département d’Etat». Mais le Maroc n’est pas sûr d’avoir la cerise sur le gâteau : Hillary Clinton qui aurait pu être la vedette de la rencontre de Marrakech, en sa qualité de future candidate à l’élection présidentielle américaine, ne sera pas aux côtés de son mari Bill et du roi Mohammed VI, selon Politico.
L’ancienne secrétaire d’Etat américaine s’est limitée à féliciter le Maroc pour son geste en gratifiant ce pays de «plaque tournante vitale pour l’échange économique et culturel dans une région qui vit des changements dramatiques». Le Makhzen se suffit de ces paroles et veut faire croire, à travers les médias à sa solde, que la rencontre de Marrakech réunira «le gotha du monde des affaires, de la politique et de l’action sociale», de quoi compenser le grand flop du Forum Crans-Montana de Dakhla.
Politico souligne que Hillary Clinton a été éclaboussée par les dons destinés à sa Fondation, qui proviennent de pays comme l’Arabie Saoudite ou autres qui abusent des droits des femmes, comme l’a fait remarquer le sénateur républicain du Kentucky, Rand Paul, cité par le magazine. On sait que Rand Paul a annoncé son intention de se porter candidat à l’investiture présidentielle de 2016 dans le camp républicain. Pour lui, les dons étrangers à la Fondation Clinton sont des «pots-de-vin à peine voilés».
Le magazine américain rappelle qu’en 2011, le département d’Etat dirigé par Hillary Clinton avait accusé le gouvernement marocain de procéder à des «arrestations arbitraires» et de pratiquer «la corruption dans toutes les branches du gouvernement». C’était l’année, fait observer le magazine américain, où le Maroc avait adopté une nouvelle Constitution qui prétend garantir l’égalité des sexes et la défense des droits des femmes. Hillary Clinton a notamment critiqué «le problème profondément troublant du mariage des enfants».
Le magazine rappelle également que pendant son mandat au département d’Etat (poste qu’elle a quitté en février 2013), elle a visité le royaume en 2012 puis lancé un «dialogue stratégique permanent entre les Etats-Unis et le Maroc». Politiconote que le Maroc a été classé 130 sur 180 pays en 2015 pour la liberté de la presse, en recul dans ce pays où les autorités ont réprimé les journalistes, citant l’expulsion de deux journalistes français qui ont enquêté sur la situation économique et sociale. C’est une coopération douteuse qui s’est installée entre le Maroc, confronté à l’affaire de la décolonisation du Sahara Occidental et à des atteintes flagrantes aux droits de l’Homme, et une Fondation accusée de recevoir des pots-de-vin de ce même Maroc, en échange du silence.
Houari Achouri
Algériepatriotique, 10/04/2015
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