Par Kamel Zaïdi
Puissance régionale incontestable, l’Algérie est en passe de relever un immense défit, en ramenant la paix au Mali, en dépit des » mauvais génies » que sont le Maroc et la France, ainsi que les troubles qui minent la Libye et contribuent fortement à alimenter la violence chez nos voisins du sud. La ténacité d’Alger, doublé du savoir-faire et de l’entregent de notre chef de la diplomatie, ont fini par payer.
Après moult hésitations, reculades, et manipulations, des groupes armés du nord du Mali, enfin libérés de la » tutelle » marocaine et française, ont décidé de signer l’accord d’Alger, durement négocié après plusieurs séries de rencontres, toutes plus harassantes les unes que les autres. En effet, la la coordination des mouvements de l’azawad (CMA) a fait part, en date du 4 avril, à l’Algérie, chef de file de la médiation internationale, de sa volonté de parapher l’accord de paix d’Alger. C’est Ramtane Lamamra, dans une lettre publié en exclusivité par un journal malien, qui en a fait état hier. Le document en question annonce ainsi la tenue en date du 15 de ce mois la tenue d’une cérémonie à Alger en vue de finaliser cette signature.
Ramtane Lamamra y informe notamment Me Harouna Touré qu’il lui a été notifié » par lettre en date du 4 avril 2015 » la décision de la coordination des mouvements de l’azawad de procéder au paraphe de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Après plus d’un mois de résistance et d’hésitation, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) va finalement signer. L’information a d’ailleurs été confirmée par le Premier ministre malien lors d’une rencontre avec les responsables des partis politiques.
Ce revirement des séparatistes notamment du MNLA à l’origine du blocage est une immense victoire diplomatique pour l’Algérie. Cela ne laissera pas non plus de booster la médiation algérienne concernant la crise libyenne, dans laquelle certains pays, pourtant responsables de ce qui arrive au niveau de l’ancienne Jamahiriya de Kadhafi, tentent de s’immiscer coûte que coûte. Depuis le début de la semaine dernière, le MAA et le HCUA avaient annoncé vouloir parapher l’accord d’Alger pour peu qu’une partie de leurs revendications soit prise en charge et devaient rendre publique leur prise de position laissant le MNLA, vertement manipulé par le Maroc faire cavalier seul. C’est ce total isolement qui semble avoir décidé le MNLA à revenir sur ses positions tranchées et incompréhensibles.
Le coup de griffe donné par son nouvel allié marocain le weekend dernier en critiquant la médiation algérienne, n’a rien donné puisque les Etats-Unis et la France ainsi que l’Onu ont vite fait d’apporter leurs soutiens à l’Algérie. En plus du risque d’isolement, le MNLA a commencé à laisser apparaître les premiers signes de dissensions internes car certains de ses leaders ont commencé à prendre leurs distances comme Acharatouman qui vient de créer une base militaire à Tamkoutate, près d’Ansongo. D’un autre côté, les manifestations au nord du pays ont prouvé que le MNLA, qui se prévaut de l’appui de la société civile de « l’Azawad », ne dispose de base que dans Kidal puisque les populations de Gao, Tombouctou et Ménaka ont, pendant leur sortie dans la rue, réclamé la signature de l’accord d’Alger. Enfin, les menaces de sanctions (gel d’avoirs, interdiction de voyages et poursuite pour sabotage du processus de paix) proférées par les émissaires américains auprès des autorités marocaines, ont fini par convaincre les leaders du MNLA isolés et appauvris depuis la fin du règne de Blaise Compaoré, qu’ils n’ont d’autre choix que de signer.
Le dossier reste à suivre…
K.Z.
La Tribune des Lecteurs, 12/04/2015
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