« Le Maroc a constamment fait pression sur l’ONU pour qu’elle ignore la crise du Sahara occidental », a dénoncé dans un article, paru, jeudi dernier, dans le quotidien londonien The Guardian, la présidente du Centre Robert Kennedy pour la justice et les droits de l’Homme, Kerry Kennedy. Des manœuvres dilatoires ont été intensément menées pour bloquer l’exigence de l’élargissement de la mission de la Minurso (Mission de l’ONU au Sahara occidental) à la protection des droits de l’Homme érigés sous d’autres cieux en dogme.
Le génocide à huis clos, révélé par la fin de non-recevoir opposée par Rabat aux médias et aux personnalités politiques indépendantes, est constitutif du crime colonial. Du massacre collectif du camp de Gdeim Izik aux charniers de Mkala, près de Smara, récemment découverts, la guerre contre les civils a montré le visage hideux des 40 ans d’occupation caractérisés par le recours aux disparitions forcées (4.500 cas dont 550 toujours non élucidés), la détention arbitraire (30.000 cas), la torture (30.000 cas dont près de 55% de femmes et d’enfants), le jugement inique par des tribunaux civils et militaires, les victimes des mines antipersonnel et des bombardements au napalm et au phosphore blanc…
Le silence coupable de la communauté internationale conforte la violence coloniale du Maroc qui, comme l’affirme Mme Kennedy, « a intensément manœuvré au Conseil de sécurité pour bloquer toute tentative d’inclure une composante droits de l’Homme dans la Minurso ». Le cas de Mohamed Lamine Haïdala, un jeune assassiné par les Marocains en février dernier à El Ayoun occupée, fait partie du quotidien des Sahraouis victimes des « violations des droits humains » encouragées par l’absence d’une « tierce partie crédible » sur le terrain.
« L’impunité a trop duré », martèle la présidente du Centre Robert Kennedy, interpellant le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, dont la prochaine visite dans la région est fortement attendue. Elle a pointé du doigt les failles de la complaisance, clairement manifestée, dans les accusations contenues dans un rapport de l’Onu évoquant « l’interception des communications et l’utilisation de tactiques contraires à l’éthique », selon un article du Guardian paru le 17 juin dernier sous le titre de « Câbles filtrés : le Maroc a fait pression sur l’ONU ». Une Onu sous contrôle marocain ?
Horizons, 26/07/2015
Soyez le premier à commenter