Dans une tribune qu’il a intitulée «Algérie-Maroc : un grand gâchis», l’écrivain marocain installé en France, Tahar Ben Jelloun, se perd dans un de ces délires qui, au détour d’un mot, d’une phrase, font s’échapper des pensées profondément enfouies dans le subconscient et qui rejaillissent comme des toxines excrétées par des voies autres que l’organe de la parole et de l’intelligence.
Le chouchou des distributeurs automatiques de prix littéraires commence son texte par une sentence qui donne – comment dire ? – cette impression de déjà entendu ; une sorte de cri de cacatoès rosalbin : «Quand vous avez un voisin dont le plaisir est de vous créer des ennuis et de vous empêcher de vivre en paix, au lieu d’entrer en guerre avec lui, vous déménagez. Mais il existe des situations où cette solution sage n’est pas possible.»
Emule de Sarkozy, Tahar Ben Jelloun est un de ces psittacidés maghrébins qui savent que fayoter leur attirera les bonnes grâces du cénacle, porte ouverte à toutes les distinctions et à tous les déshonneurs. «Le Maroc est harcelé en permanence depuis pratiquement l’indépendance de l’Algérie», radote-t-il, reprenant mot à mot le discours de ses chefs à Rabat : «Il y a eu l’affaire du Sahara», écrit-il. «L’Algérie, qui a besoin d’une sortie sur l’Atlantique, en a profité pour créer de toute pièce un mouvement de libération afin d’empêcher le Maroc d’achever son intégrité territoriale, puisque ce Sahara était occupé par l’Espagne qui l’a quitté en 1974», se prosterne cet écrivain du sérail devant le Palais, qui reprend les thèses colonialistes, lui qu’on croyait défenseur invétéré de la liberté. Ce membre de l’académie Goncourt, ce genre d’assemblées auxquelles on n’accède que si on ne déteste pas Israël, parle au nom du peuple algérien qui, dit-il, «réclame la paix dans cette région et en particulier l’ouverture des frontières» avec le Maroc. «Ecrivain de renom», mais ignorant néanmoins que c’est l’Algérie qui a fermé sa frontière avec le Maroc et non l’inverse, Tahar Ben Jelloun rappelle que son pays «a proposé l’ouverture des frontières et la libre circulation des personnes», mais «l’Etat algérien refuse catégoriquement et chaque fois qu’une solution politique du Sahara est proposée par le Maroc, l’Algérie et certains pays qui sont sous sa coupe opposent leur veto».
L’auteur de L’ablation,qui se présente comme un rhétoriqueur qui fait une «distinction nette» entre «l’écrivain qui prend son temps pour rédiger un livre» et «le citoyen qui se dépêche d’écrire un article», s’est visiblement précipité pour rendre sa copie au site marocain qui a publié son écrit truffé de contre-vérités. Bien sûr, Tahar Ben Jelloun ne pouvait pas donner un semblant de crédit à son article sans citer un ou deux auteurs algériens pour étayer ses affirmations : «Comme l’écrit Kamel Daoud (…) cette nation (l’Algérie, ndlr) c’est la Corée du Nord africaine ; c’est un pays invisible (…) c’est une démocratie formelle, mais une dictature réelle, il est centraliste, mais démembré.» Ecrivain médiocre – nous le lui avons fait savoir avec preuves à l’appui à travers un échange de messages via Facebook –, Kamel Daoud n’en est pas moins une plume d’avenir pour les chasseurs de jacquots. Tout comme Boualem Sansal à qui Tahar Ben Jelloun ne manque pas de faire de la publicité pour son prochain roman «où, écrit-il, il imagine une Algérie rongée et détruite par l’idéologie islamiste radicale». Voilà trois écrivains qui se frottent entre eux et qui croient que nous autres sommes bêtes à manger du foin.
M. Aït Amara
Algeriepatriotique, 29 juillet 2015
Soyez le premier à commenter