La réouverture de la frontière terrestre entre notre pays et son voisin de l’Ouest revient de manière cyclique. Elle demeure pendante, tant que les causes qui ont prévalu à sa fermeture demeurent, et jusqu’à présent, le Makhzen ne propose rien de concret dans ce sens.
La démarche officielle est partagée par l’opposition, car elle est et demeure raisonnable, et tient d’un bon argumentaire : si nous tenons, depuis longtemps, à la construction d’un ensemble maghrébin viable et fraternel, les relations avec notre voisin ne peuvent pas obéir à des sautes d’humeur, fussent-elles celles d’un monarque.
Or, avec le Maroc, c’est ce qui s’est passé au mois d’août 1994, alors que nous affrontions le terrorisme le plus barbare de la planète, le roi Hassan II, qui a voulu marchander notre position sur la question sahraouie en échange d’un terroriste qui a trouvé refuge chez lui, nous accuse, sans la moindre preuve, d’être à l’origine de l’attentat terroriste commis par des Franco-Marocains ayant ciblé un hôtel à Marrakech. Cet incident servira même de prétexte pour maltraiter et expulser touristes et résidents algériens, et instaurer unilatéralement un visa d’entrée.
C’est en réaction à cette humiliation que la décision de fermer la frontière terrestre a été prise. Et tant que le Makhzen ne répare pas cette injustice envers les nombreux ressortissants algériens qui ont été spoliés de leurs biens et expropriés de leurs terres, oui, tant qu’il ne présente pas ses excuses aux Algériens touchés dans leur dignité, tant qu’il ne cesse pas sa guerre des stupéfiants, la réouverture de la frontière terrestre ne sera jamais à l’ordre du jour.
C’est la position officielle, et c’est la position du peuple algérien. Et ce ne sont pas les rumeurs, les mensonges, les raccourcis ou les manipulations qui vont la changer, mais des engagements sérieux de régler tous les contentieux bilatéraux autour d’une table.
Pour le bien de nos deux pays, et pour le bien de toutes les nations maghrébines. L’Algérie et ses dirigeants sont conscients du caractère stratégique de l’union de nos forces qui nous permet d’être des acteurs dans le grand jeu de la mondialisation, avec responsabilité et de solidarité, et non pas avec une visière étroite et une vision à courte vue qui conduisent forcément à des tensions et à des impasses.
EL MOUDJAHID, 16 fév 2016
Be the first to comment