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Femmes Sénégalaises: Nouvelle forme d’émigration/ Phénomène des bonnes sénégalaises au Maroc : du lave-linge au tapin
Le phénomène des domestiques africaines – en général sénégalaises – venant chercher du travail au Maroc a pris de l’ampleur ces dernières années dans les grandes villes marocaines. Et si les premières arrivées trouvaient assez facilement du travail et des conditions de vie meilleures, les émules qu’elles ont faites, elles, connaissent désormais de réelles difficultés dues au durcissement des conditions d’entrée sur le territoire marocain, aux tracasseries policières de Bir-Guendouz – la plupart venant par voie terrestre – et surtout à la rareté de l’emploi qui contraint certaines d’entre elles à passer très vite du lave-linge au tapin.
Il n’est pas rare qu’en parcourant les sites de petites annonces marocains tels que Bikhir et Marocannonces – deux sites comparables au célèbre site d’annonces français Leboncoin.fr – l’on tombe sur des annonces titrées: « Cherche bonne sénégalaise », postées souvent par des Marocains, ou encore des annonces proposant les services de nounous, femmes de ménage et baby-sitters sénégalaises ou africaines etc., placées, elles, généralement par des Sénégalais et d’autres nationalités subsahariennes.
Ce foisonnement d’annonces de demande ou d’offre de services de bonnes sénégalaises ou africaines témoigne du regain d’intérêt que connaît depuis quelques années le phénomène des « Fatou » au Maroc ; comprenez des jeunes femmes africaines entre 20 et 35 ans, en moyenne, venues chercher du travail et des conditions de vie meilleures dans les grandes villes marocaines, notamment à Casablanca, Rabat, Agadir et Marrakech.
Il y a quelques années, les candidates aux travaux domestiques dans de riches familles marocaines ou d’Européens résidant au Maroc étaient peu nombreuses, et celles qui avaient la chance de trouver du travail à leur arrivée étaient plutôt heureuses de leurs conditions de vie. Elles ont très vite fait des émules, et aujourd’hui, les « Petites Fatou », en majorité des Sénégalaises, arrivent par dizaines, non pas par avion mais par voie terrestre, pour venir tenter leur chance au Maroc.
Une arrivée massive qui a mis la puce à l’oreille des autorités. Et si, il y a 2 ou 3 ans, il suffisait juste d’avoir un passeport en cours de validité pour pouvoir franchir Bir-Guendouz (poste-frontière à l’extrême sud du pays), aujourd’hui, la police des frontières est devenue plus regardante. Une vigilance accrue des autorités qui n’est pas sans donner lieu à des exactions fréquentes (racket et dépouillement des candidates par des agents véreux au poste-frontière de Bir-Guendouz).
De l’aspirateur au tapin…
Celles qui réussissent, à coup de vingt euros à chaque contrôle, à gagner les villes d’Agadir, de Marrakech, de Rabat ou de Casablanca, se rendent très vite compte des conditions très peu reluisantes qui les y attendent. Elles s’entassent à cinq ou six dans des chambres louées dans les quartiers populeux de ces grandes villes où elles sont souvent confrontées au racisme primaire des populations d’origine rurale, venues, elles aussi, chercher une vie meilleure dans les métropoles.
Elles se rendent compte finalement qu’il n’est pas du tout facile de trouver du travail. Et devant désormais faire face à des charges de loyer, de factures d’eau et d’électricité, en plus de se nourrir chaque jour, certaines ne tardent pas à s’adonner au plus vieux métier du monde pour subvenir à leurs besoins, troquant très vite l’aspirateur contre le tapin. Et c’est ainsi qu’on les voit arpenter à longueur de journée les grandes artères des métropoles ou se regrouper dans les médinas où elles s’adonnent à la vente à la sauvette ou proposent leurs services en tant que tresseuses et coiffeuses.
Un phénomène autour duquel s’est développé un véritable business pour certains, notamment le réseau de placeurs de femmes de ménage, au détriment des jeunes aventurières qui , elles, doivent souvent faire face à des désillusions plutôt amères.

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