Le Maroc a décidé à la dernière minute d’annuler l’organisation du sommet arabe à Marrakech. Les autorités marocaines ont mis en avant l’impossibilité, dans le contexte actuel, de réunir les chefs d’Etat et les monarques arabes, craignant ainsi un échec de cette rencontre. Or, des sources informées, contactées par Algeriepatriotique,ont expliqué que c’est surtout le Maroc qui risque de sortir perdant de ce rendez-vous raté avant même sa tenue.
Une des raisons principales qui ont poussé le Makhzen à se raviser de réunir chez lui les dirigeants arabes est la diminution drastique des aides fournies par les riches monarchies du Golfe au Maroc. Une baisse due à la chute brutale des cours des hydrocarbures sur les marchés mondiaux, qui s’est répercutée négativement sur les économies du Conseil de coopération du Golfe (CCG).
Par ailleurs, la guerre au Yémen a entraîné Riyad dans une spirale de dépenses faramineuses, de même que le coût de la guerre provoquée contre le régime de Damas s’est avéré plus élevé que prévu, le conflit s’éternisant et les pays qui ont financé les groupes rebelles ayant échoué dans leur plan, depuis l’intervention militaire directe de la Russie aux côtés de Bachar Al-Assad. Une intervention qui a faussé tous les calculs des parrains de l’opposition syrienne pro-occidentale.
Cet amoindrissement des ressources en provenance des pays du Golfe est mal perçu par le Maroc qui se voit, ainsi, faire les frais d’une situation à laquelle il a pourtant contribué, c’est-à-dire son soutien intéressé aux guerres au Yémen et en Syrie.
Dans le même sillage, et pour sauver la face, le Makhzen craignait, en réunissant les dirigeants arabes à Marrakech, que le Sommet débouche sur des décisions qui «fâcheraient» la Russie et l’Iran et qui créeraient au Maroc deux nouveaux ennemis, alors même que les relations avec ses alliés traditionnels – les monarchies du Golfe et les Etats-Unis – vacillent.
Le ministre marocain des Affaires étrangères l’a appris à ses dépens au sortir de son entrevue avec le secrétaire d’Etat, John Kerry, et l’ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, Susan Rice. Des indiscrétions en provenance de Washington et de New York, font état, en effet, d’un fiasco total des tentatives de Rabat de pousser les Américains à dissuader le secrétaire général des Nations unies de se rendre dans la ville sahraouie occupée de Laâyoune. Le département d’Etat américain aurait même proposé aux autorités marocaines de recevoir Ban Ki-moon en marge du Sommet arabe qui allait se tenir au Maroc. D’où la fuite en avant du roi Mohammed VI et sa cour.
Karim Bouali
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