Par RFI
Publié le 27-02-2016 Modifié le 27-02-2016 à 06:40
C’était il y a 40 ans, la création de la République arabe sahraouie démocratique. Initiative de militants du Front Polisario, qui rejettent la main-mise du Maroc sur le territoire du Sahara occidental. Après l’annexion par le Maroc, ont suivi 16 ans de guerre puis un accord, l’arrivée d’une mission des Nations unies et… pas grand-chose. La Minurso aurait dû organiser un référendum d’auto-détermination pour le peuple sahraoui, mais Rabat s’y oppose et la situation est toujours bloquée aujourd’hui.
La dernière colonie d’Afrique, voilà comment les partisans du Sahara indépendant voient la situation. Le Maroc contrôle le Sahara occidental à l’exception d’une petite zone, située de l’autre côté d’un mur de plus de 2 000 km. Et après cette zone indépendante, il y a l’Algérie et les camps de réfugiés de Tindouf. Ils abritent entre 90 et 175 000 selon les estimations de l’ONU ou du Polisario. Les cinq camps sont devenus de petites villes. Toutes portent le nom d’une localité du Sahara occidental, comme Lâayoune ouDakhla.
Pas ou peu de perspectives pour les jeunes, qui représentent 60% de la population. « Pour comprendre les besoins de la jeunesse sahraouie, il faut comprendre de qui on parle, explique à RFI Baptiste Chapuis, de l’ONG Oxfam. On parle d’une génération qui est née et qui a grandi dans les camps, dans un contexte extrêmement précaire dans cette région du Sahara, hostile à toute forme de vie.
Radicalisation de la jeunesse
Ce que ces jeunes nous disent, ce à quoi ils aspirent, c’est effectivement d’une part de prendre leur vie en main, d’avoir des projets sociaux ou professionnels, et d’autre part il y a cette grande frustration liée au vide politique ».
Et une partie d’entre eux se dit prête à reprendre les armes pour faire avancer la cause. Ils ne croient plus à une solution pacifique. « Ce que l’on constate, c’est qu’au sein des camps depuis plusieurs années, les propos se font beaucoup plus virulents, les discours se sont plus tranchants, poursuit Baptiste Chapuis… Cette frustration vient aussi du fait que ces jeunes voient la communauté internationale réagir face à la violence en Syrie, au Yémen, ou dans d’autres parties du monde. Ils ont le sentiment que leur résistance pacifique n’est pas reconnue… ce qui génère frustration et colère ».
Une région « fragile »
« Un facteur inquiétant dans une région, la zone saharo-sahélienne, structurellement fragile » conclut Baptiste Chapuis. Effectivement, la communauté internationale craint de voir certains groupes jihadistes venir recruter dans les camps.
D’où l’urgence selon plusieurs ONG : il faut absolument que les Nations unies appliquent leurs engagements et organisent le référendum d’autodétermination, comme prévu il y a déjà 25 ans. Le Maroc refuse toujours. Il propose à la place un plan d’autonomie pour le Sahara occidental.
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