Que vaut la liberté d’un peuple face à la manne pétrolière? RIEN! On connait la chanson, si le peuple – sahraoui en l’occurrence – laisse les compagnies pétrolières en paix, ils en tireront des bénéfices substantiels. Toujours la même.
Le groupe britannique Cairn Energy vient d’annoncer avoir débuté un programme de forage dans la zone de Foum Draa, et avoir acquis une participation dans un autre projet, au large de Boujdour, plus au sud. Si le premier se trouve en territoire marocain, le second est au-delà de la limite géographique entre le royaume et le Sahara occidental, dernier territoire africain dont le statut post-colonial reste à régler. Rabat, qui contrôle la région, propose un plan d’autonomie sous sa souveraineté. Mais celui-ci est rejeté par le Polisario, qui réclame un référendum d’autodétermination avec le soutien d’Alger. Tous les efforts de médiation de l’ONU, qui y compte une mission (la Minurso), restent vains et, faute de règlement, les détracteurs du Maroc l’accuse d’exploiter à son profit les richesses du Sahara, vaste territoire d’à peine un million d’habitants. Ces accusations, démenties par Rabat, se concentrent jusque-là sur le phosphate, dont le royaume est l’un des principaux producteurs, et sur la pêche, les longues côtes sahraouies étant très poissonneuses. Mais avec l’éventualité d’une découverte de pétrole, cette controverse pourrait prendre de la vigueur, selon des analystes.
Erik Hagen le président de l’ONG Western Sahara Resource Watch (WSRW) à déclaré:
L’annonce de forages au large de Boujdour, dans le cadre d’un accord entre Cairn, l’américain Kosmos Energy et l’Office nationale marocain des hydrocarbures et des mines (Onhym), constitue un développement très inquiétant. Ce que font les compagnies pétrolières va rendre encore plus compliquée la résolution du conflit. Le Maroc n’aura aucun intérêt à une solution négociée si du pétrole est découvert.
Dépourvu à ce jour d’importantes réserves en hydrocarbures, le royaume doit importer massivement pour subvenir à ses besoins énergétiques, sur fond de déficit public chronique (7,3% du PIB l’an dernier). De son côté, Kosmos Energy assure agir de manière éthique (!), en conformité avec la loi internationale (!!), et souligne que la découverte de pétrole rejaillirait positivement sur la population sahraouie (!!!). Les transferts de l’Etat marocain vers le (Sahara) sont déjà largement supérieurs aux recettes issues de ces provinces, plaide l’ex-ministre marocain des Finances, Nizar Baraka. Pour un peu, on pleurerait. Il ajoute, pour enfoncer le clou:
Au niveau énergétique, le CESE (Conseil Economique, Social et Environnemental, dont il est le président) propose lui-même de mener des projets éoliens dans la région, très venteuse.
Manière déguisée de vendre du vent…Jon Marks, expert du Maghreb et spécialiste des questions énergétiques, juge que les dernières signatures de contrats sont un succès pour le Maroc.
Le fait que Kosmos soit parvenu à convaincre un groupe pétrolier comme Cairn de s’engager (…) montre que le business au Sahara n’est plus tellement considéré comme un produit toxique.
En résumé, si les décolonisations se passent mal, en général, celle du Sahara Occidental n’est pas prés d’être résolue. J’allais oublier, Mr Baraka prévoit des investissements à hauteur de 13 milliards d’euros sur 10 ans – à des fins de développement pour la région – en recourant davantage au privé. Les entreprises privées aussi, on les connait. Elles ont pour nom Academi (ex Blackwater), Combat Support Associates, Aegis Defence Services, etc.
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