Comme il fallait s’y attendre après l’Arabie saoudite, c’est au tour des pays du Golfe inféodés à Riyad, au sein du Conseil de coopération du Golfe (CCG) -le Maroc y occupant un strapontin- qui volent au secours du Maroc, qui s’est fait rappelé, à l’ordre, par Ban Ki-moon qui a dénoncé, sans équivoque, l’occupation coloniale du Sahara occidental, et réaffirmé fortement le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.
En réalité et contrairement à ce qu’avance les relais médiatiques du Makhzen, y compris en Algérie, le CCG qui n’a aucun poids sur la scène internationale, et encore moins aux Nations unies, s’est contenté de faire le service minimal à la demande pressante d’une monarchie marocaine aux abois qui se plie aux quatre volontés de despotes qui oppriment leur peuple. En effet, paniqué par les déclarations et les prises de position, sans précédent, du Secrétaire général de l’ONU, diplomate intransigeant, et surtout incorruptible, le Maroc a dans un premier temps donné l’appel de l’ambassadeur saoudien à Rabat puis a fait agir l’un de ses journalistes aux ordres à Paris, pour pousser le porte-parole du Quai d’Orsay a répété mécaniquement la formule forgée par Laurant Fabius à propos de la proposition moribonde du Maroc de la prétendue «autonomie», «jugée sérieuse et crédible». Le communiqué publié à l’issue d’une réunion du Conseil ministériel du CCG avec le vice-Premier ministre et ministre jordanien des Affaires étrangères a repris la formule passe-partout qui constitue le seul argumentaire d’une diplomatie marocaine défaillante, fondée sur la corruption et les prébendes, et qui a amené le souverain marocain lors d’une de ses rares présence au royaume de faire des changements importants dans son appareil diplomatique. Car il faut bien le souligner la formule «magique» sur laquelle s’appuie Rabat et son allié inconditionnel français, n’est que l’une des trois options du questionnaire du référendum d’autodétermination que l’ONU doit organiser pour permettre au peuple sahroui de s’exprimer librement sur son destin. Ce que le Quai d’Orsay et les responsables français omettent de préciser. Il faut aussi rappeler que la «solution miracle» de l’autonomie est une invention de la diplomatie française, dont la mission diplomatique aux Nations unies et plus au service du Maroc que ceux de la France. Ce qui amène certains diplomates à déclarer que c’est la France qui est le protectorat du Maroc, et non l’inverse.
Au point où l’on s’interroge sur ce soutien de Paris quelle que soit la couleur politique des gouvernants à la monarchie et à un monarque qui exerce le pouvoir en intérimaire. Au point où de rares medias marocains et l’opinion publique, lorsqu’elle s’exprime, s’inquiètent des absences royales qui ont totalisé en 2015 près de 242 jours consacrés aux loisirs et aux vacances. Mais aussitôt les medias marocains à la solde agités par le secrétaire particulier de M6 le tout-puissant Majidi, un véritable vice-roi qui fait la pluie et le beau temps au Royaume sont montés au créneau pour déclarer qu’il y a avait un capitaine à la barre du Navire Maroc. On peut en douter lorsque’on voit le temps mis par Rabat pour réagir aux propos pertinents et mesurés de Ban Ki-moon, qui n’entend pas terminer son mandat en se pliant au diktat marocain. Quant à l’Arabie saoudite, une monarchie archaïque qui ne pèse que par son pétrole et qui est affolée par le changement stratégique des États-Unis, se tournant désormais vers l’Iran, au point de sous-traiter par Israël l’allié saoudien, son soutien au Maroc ne date pas d’aujourd’hui. Un pays où tous les monarques saoudiens élisent domicile dans de somptueuses résidences. D’ailleurs, le soutien de Riyad, et celui a minima des monarchies du Golfe -dont certaines ont plus investi en Algérie qu’au Maroc- met cruellement en lumière l’isolement diplomatique de Rabat et sa folle fuite en avant.
Mokhtar Bendib
Le Courrier d’Algérie
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