Le Maroc a demandé à l’ONU de fermer un bureau de liaison de sa mission au Sahara occidental (Minurso), un nouvel épisode de la querelle avec le gouvernement marocain sur le sort de ce territoire contesté. La Minurso a reçu une demande de fermeture de son bureau de liaison militaire à Dakhla, a indiqué lundi le porte-parole adjoint de l’ONU Farhan Haq. C’est la première demande visant directement la composante militaire de la Minurso, a-t-il souligné.
Les Marocains ont déjà expulsé dimanche la majeure partie des experts civils internationaux de la Minurso. Il s’agit de 70 personnes de différents statuts dépendant de l’ONU et de trois civils dépendant de l’Union africaine. La liste comprend notamment les six spécialistes du déminage de la mission et deux sous-traitants. Le Maroc avait initialement donné les noms de 81 employés civils expatriés de l’ONU mais onze ne travaillaient plus pour la Mission. Les civils expulsés ont été installés à Las Palmas (Canaries) ou sont en congés dans leur pays d’origine, a précisé le porte-parole. L’ONU a accepté qu’ils partent pour des raisons logistiques et de sécurité.
Des responsables de l’ONU et du Conseil de sécurité continuent de négocier avec Rabat une solution mutuellement acceptable à cette querelle. Le secrétaire général Ban Ki-moon devait en discuter lundi avec les ambassadeurs des 15 pays du Conseil. Le Front Polisario, qui revendique l’indépendance du Sahara occidental, est tenu informé des discussions. Le porte-parole a aussi réaffirmé que sans les experts expulsés, la mission ne pourrait bientôt plus remplir son mandat. Outre les militaires de la Minurso, il ne reste sur place que 27 civils qui ne peuvent assumer qu’une petite partie des tâches.
Le porte-parole a une nouvelle fois accusé le Maroc de faillir à ses obligations internationales. Nous espérons que le Maroc comprendra que ce comportement ne peut pas être toléré, a-t-il affirmé en demandant un soutien fort et uni du Conseil de sécurité. Si la mission ne peut plus fonctionner, a-t-il estimé, il y aura un risque réel d’une escalade de la tension et peut-être même de conflit. La Minurso, forte de 500 civils et militaires, a été déployée en 1991 pour surveiller un cessez-le-feu et préparer un referendum sur le sort du territoire, dont Rabat ne veut pas entendre parler. Selon l’ONU, cette querelle qui s’envenime risque aussi d’inciter d’autres pays hôtes d’opérations de maintien de la paix à se débarrasser des Casques bleus lorsque ceux-ci deviennent encombrants. L’ONU s’est plaint à de nombreuses reprises des obstacles mis au travail de ses missions au Soudan, Soudan du Sud ou RD Congo.
Une gifle infligée
Dans un communiqué publié lundi, le Front Polisario a fustigé la décision marocaine d’expulser les civils de la Minurso, la qualifiant de gifle infligée au Conseil de sécurité et de provocation dangereuse qui pourrait mener à la guerre.
Le Conseil doit ordonner au Maroc de revenir sur sa décision et en profiter pour convoquer les parties autour de la table de négociations afin de négocier les modalités d’un referendum, a estimé le représentant du Polisario à l’ONU Ahmed Boukhari.
Saisi de l’affaire jeudi dernier, le Conseil de sécurité n’avait pas réussi à adopter une position commune, laissant à chacun de ses membres le soin de traiter individuellement avec le Maroc pour tenter d’apaiser cette querelle.
La querelle est partie d’une visite début mars de M. Ban dans un camp de réfugiés sahraouis en Algérie. Le gouvernement marocain avait été ulcéré de l’entendre parler ensuite d’occupation du Sahara occidental, une ex-colonie espagnole que Rabat considère comme partie intégrante du royaume marocain.
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