par Moncef Wafi
En une phrase, le chef de la diplomatie algérienne a superbement résumé le dossier sahraoui vu d’Alger et de Paris. «Je ne vous cacherai pas que c’est l’un des principaux désaccords entre la politique extérieure de l’Algérie et celle de la France», dira-t-il s’adressant à son homologue français, le revenant Jean-Marc Ayrault. L’Algérie sait très bien que la question sahraouie n’est pas un jeu à trois entre elle, Rabat et le Polisario mais que l’équation englobe aussi et surtout la France, en premier lieu, et les Etats-Unis d’Amérique.
Si la conviction algérienne s’appuie sur la légalité internationale à laquelle elle invite les Français à s’y soumettre, elle entretient toujours l’espoir que l’administration Hollande s’investira dans le cadre onusien en matière de décolonisation. Mais difficile de concilier deux positions lorsqu’on sait que la France est parmi les soutiens les plus précieux du Maroc quant à la colonisation du Sahara occidental et ce depuis 1975. Le Premier ministre Valls l’a si bien souligné affirmant que la France a un objectif qui est de rester le partenaire privilégié du Maroc dans tous les domaines de coopération, notamment politique.
Interpellé sur ce dossier, le ministre français des Affaires étrangères et du Développement international, Jean-Marc Ayrault, a préféré botter en touche affirmant que la position de la France n’a pas changé sans pour autant répondre à l’invitation sans ambages de Lamamra. Paris estime que la priorité du dossier se trouve entre les mains de la Minurso, mettant en avant le travail de la diplomatie française dans le règlement du différend entre Rabat et l’ONU qui a conduit à l’expulsion du personnel civil de la mission onusienne. Une médiation qui a tout l’air d’un passage en force poussant Ban Ki-moon à demander des excuses au Maroc sous l’impulsion d’un Conseil de sécurité qui aura lâché le SG de l’ONU dans cette affaire.
Ayrault gardera bien d’entraîner son pays dans une quelconque légitimité internationale concernant l’autodétermination du Sahara occidental. Alger qui a décidé de passer, à son tour, à l’offensive dans ce dossier fera bien comprendre aux Français que la construction d’un Maghreb arabe uni passait par le règlement de la question sahraouie. Cette mise au point assez musclée, en tous cas qui n’est pas dans les usages de la diplomatie algérienne, renseigne d’un ras-le-bol algérien devant un dossier vieux de plus de 40 ans et d’une arrogance marocaine qui n’a plus de limites.
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