Alger, le chef de la diplomatie algérienne
Ramtane Lamamra a souhaité devant son
homologue français Jean-Marc Ayrault que
Paris joue un rôle à la mesure de son «poids»,
de son «histoire» et de ses «responsabilités»
pour la relance du processus d’autodétermination
dans cette partie de la région.
M. Lamamra, qui a concédé que ce dossier
constitue «depuis quarante ans un point de
divergence important» entre les diplomaties
algérienne et française, s’est cependant déclaré
«optimiste» pour que Paris intervienne
«positivement» auprès de Rabat pour que les
autorités marocaines reprennent les négociations
sous les auspices des Nations unies.
L’Algérie «garde toujours de bons espoirs»
que la France va «véritablement» aider la
région à régler la question sahraouie dans le
cadre de la légalité internationale et dans la
satisfaction de la doctrine des Nations unies
en matière de décolonisation, a ajouté M.
Lamamra. «Je ne suis pas historien, mais je
ne vous cacherai pas que c’est l’un (confl it
sahraoui) des principaux désaccords entre la
politique extérieure de l’Algérie et celle de
la France», a-t-il relevé. «Nous sommes à un
moment où il faut savoir dire que le pire
n’est pas sûr et que le pire n’est pas le destin
de notre région», a conclu M. Lamamra.
«La France est pour que la Mission des Nations
unies pour le référendum au Sahara
occidental (Minurso) puisse mettre en oeuvre
sa mission», a fait savoir Jean-Marc Ayrault.
Il a ajouté que c’était «tout le travail
de dialogue que nous avons entrepris ces
dernières semaines pour que la relation entre
les partenaires régionaux, notamment le
Maroc et l’ONU, s’apaise», qualifi ant la question
du Sahara occidental de «délicate» et
«diffi cile». Dans les faits, Paris, pour des
considérations géostratégiques propres à
elle, fait, comme beaucoup de pays occidentaux,
tout pour ménager le Maroc dans cette
aff aire et compte, selon les indépendantistes
sahraouis, comme le «grand allié» de Rabat
et un «obstacle» au règlement du confl it.
Sur ce sujet, le chef de la diplomatie française
a presque fait un aveu en déclarant
que le confl it du Sahara occidental «ne doit
pas être la pierre d’achoppement» dans
l’amitié entre l’Algérie et la France. «C’est
l’état d’esprit qui est le mien, du gouvernement
et du président François Hollande», at-
il dit.
Depuis le début du mois de mars, le dossier
du Sahara occidental a pris une tournure
nouvelle.
Le 5 mars dernier, le Secrétaire général des
Nations unies a eff ectué un déplacement
historique, le premier du genre, dans les
camps de réfugiés sahraouis à Tindouf.
Il a déclaré lors de son passage vouloir faire
avancer les pourparlers entre le Maroc et le
Polisario sur la question du Sahara, en estimant
que les membres du personnel de la
Mission de l’ONU pour le Sahara (Minurso)
se tenaient «prêts à organiser un référendum
s’il y a accord entre les parties». Le Secrétaire
général de l’ONU a également parlé
d’«occupation» – un terme «inédit» dans les
annales onusiennes, selon les observateurs.
En guise de rétorsion, le Maroc a expulsé la
quasi-totalité des experts civils expatriés de
la Mission de l’ONU au Sahara occidental
(Minurso) et fait fermer un bureau de liaison
militaire à Dakhla. Une mesure dénoncée
par les Sahraouis qui ont demandé à la communauté
internationale de prendre ses responsabilités
sous peine d’un retour à la résistance
armée.
Signe de l’inquiétant regain de la crise, des
responsables de l’ONU ont accusé Rabat de
ne pas respecter ses obligations internationales.
Vendredi dernier, le Conseil de sécurité
a publié une déclaration «unanime» appelant
à régler cette querelle afi n que la
Minurso «puisse recommencer à fonctionner
pleinement». Désormais, «il importe de surmonter
les diffi cultés actuelles et de permettre
à la mission de poursuivre son travail», a
commenté le porte-parole du Secrétaire général
Ban Ki-moon.
Reporters.dz, 30 mars 2016
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