LA LIBYE, LE PROCHE-ORIENT ET LE SAHARA OCCIDENTAL
L’intérêt de la région est dans la neutralité de la France sur la question sahraouie
Une interpellation «historique» sur le dossier du Sahara occidental et un soutien au plan de paix français pour le Moyen-Orient.
«Je ne suis pas historien, mais je ne vous cacherai pas que c’est l’un (conflit sahraoui) des principaux désaccords entre la politique extérieure de l’Algérie et celle de la France», a déclaré, hier, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, lors de la conférence de presse conjointe qu’il a co-aminée avec son homologue français, Jean-Marc Ayrault. Ce n’est certainement pas une révélation, mais cette sortie publique de Lamamra confirme le parti pris de la France en faveur de la thèse marocaine sur le conflit sahraoui.
Pour sa part, Jean-Marc Ayrault a donné l’impression de s’accommoder de la situation de statu quo que connaît ce dossier. «Concernant le Sahara occidental, la position de la France est toujours la même. Nous sommes pour que la Minurso puisse mettre en oeuvre sa mission», a affirmé le ministre, tout en mettant en avant une disposition française à faire avancer le dialogue entre le Maroc et l’ONU. «Nous avons assisté à des tensions que nous ne pouvons pas ignorer, (…) Parfois, on nous a reproché d’entreprendre cette démarche, mais celle-ci avait un but d’apaisement», a fait remarquer le ministre qui, faut-il le souligner, ne pouvait se départir de la langue de bois sur ce sujet précisément.
Le propos de Ramtane Lamamra était bien plus proche de la vérité du terrain et c’est très diplomatiquement qu’il a fait remarquer à son homologue que l’intérêt de la région est dans la neutralité de la France sur la question sahraouie. «Nous avons toujours de bons espoirs que l’administration du président François Hollande va véritablement aider la région à régler cette question dans le cadre de la légalité internationale et dans la satisfaction de la doctrine des Nations unies en matière de décolonisation», a souligné le ministre des Affaires étrangères, marquant ainsi, pour la première fois, publiquement, un certain volontarisme de l’Algérie en direction d’un pays, censé n’avoir aucune implication dans le conflit qui oppose le Sahara occidental au Maroc.
Et Ramtane Lamamra de convoquer l’Histoire sur le dossier sahraoui. «Nous pensons que la France trouverait absolument un rôle à la mesure de son histoire, de son pouvoir et de ses responsabilités dans le soutien et la conduite d’un processus qui permettra au Maghreb arabe d’aller vers un destin collectif et unitaire avec la satisfaction du droit naturel du peuple sahraoui à l’autodétermination», a soutenu le ministre, sur un ton quelque peu solennel, en tout cas, qui en dit long sur l’espoir que nourrit l’Algérie dans la présidence de François Hollande.
Cette interpellation «historique» de la France de Hollande a été associée par le ministre des Affaires étrangères au soutien sans faille qu’apporte l’Algérie au plan de paix français pour le Moyen-Orient. Preuve qu’Alger peut parfaitement accorder ses violons avec ceux de Paris sur les questions d’intérêt international. L’initiative française qui préconise une solution à deux Etats coexistant en paix a reçu le soutien de nombreux pays arabes et occidentaux, affirme le ministre français des Affaires étrangères, notant que «la France combat le statu quo» qui prévaut en Palestine occupée. «Il ne faut pas sous-estimer les risques d’explosion dans cette région», a indiqué Jen-Marc Ayrault.
Passant aux questions de la lutte antiterroriste, les deux ministres ont marqué une entente parfaite sur le sujet et Ramtane Lamamra a souligné que la déradicalisation à laquelle appelle l’Algérie, passe par une lutte sans merci contre l’islamophobie qui «est un terroir et un puissant ferment d’extrémisme et il faut à tout prix savoir la décourager». Le ministre français a, de son côté, appuyé les propos de son homologue, tout en soulignant que son gouvernement protégeait les lieux de culte musulmans au même titre que ceux des autres religions.
L’un des sujets-phares abordés par les deux ministres et qui fait converger les points de vue d’Alger et Paris est la Libye. Les avancées en matière de dialogue sont saluées, la constitution d’un gouvernement d’union nationale est appréciée, mais «il y a urgence à ce que ce gouvernement soit installé», a affirmé le ministre français. «C’est la ligne de la France et je crois que c’est celle de l’Algérie», a-t-il insisté, relevant que la situation en Libye était «extrêmement dangereuse», d’où la nécessité de parvenir à une stabilisation de la nouvelle équipe gouvernementale. «A partir de là, nous pourrons mettre en oeuvre avec la Libye, une solution lui permettant de se réconcilier, de se reconstruire et de maîtriser ce danger qui nous guette et qui guette les puissances de la région, c’est-à-dire la progression de Daesh», a indiqué Jean-Marc Ayrault.
Ayrault reçu par Bouteflika et Sellal
Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a reçu hier à Alger, le ministre français des Affaires étrangères et du Développement international, Jean-Marc Ayrault. L’audience s’est déroulée en présence du ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, du ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel et du ministre de l’Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb. Avant cela, le ministre français avait été reçu par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal..
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