La doctrine diplomatique de l’Algérie s’articule sur trois principes cardinaux : le droit des peuples à l’autodétermination, la non-ingérence dans les affaires internes d’Etats tiers, et le règlement politique et diplomatique des conflits. Cette immuable position qui est renforcée par profonde conviction et héritée de l’idéologie indépendantiste de la délégation extérieure du FLN du temps du colonialisme français, fait l’unanimité absolue au sein du peuple algérien, lequel, soit dit en passant, approuve totalement la politique étrangère du pays depuis toujours. Aucun dirigeant, quel que soit son rang, ne peut remettre en cause ces trois principes fondamentaux. Cette vérité, objet d’un véritable consensus national, est parfaitement respectée par tous les présidents algériens.
Dans son message au roi d’Arabie saoudite, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a nettement rappelé l’attachement viscéral de l’Algérie à cette doctrine qui, du reste, adhère complètement à la charte de l’Organisation des Nations unies (ONU) et aux autres traités internationaux ratifiés par le pays, et s’accommode scrupuleusement avec tous les idéaux de justice et de respect des droits. Le message transmis au souverain saoudien, et remis par Tayeb Belaïz, conseiller spécial du Président, lors de sa visite à Riyad, sonne comme une mise au point et un net éclaircissement des positions de principe de l’Algérie sur nombre de dossiers d’intérêt commun, à l’instar de ce qui se passe actuellement dans le monde arabe (Syrie, Irak, Yémen, Palestine, Libye et Sahara occidental).
Ces positions, tranchées et inébranlables, ne s’accommodent pas avec l’attitude franchement belliciste et interventionniste du royaume saoudien, de ses sosies dans la région et de ses soutiens, voire commanditaires, occidentaux. En clair, l’Algérie milite résolument pour une sortie de crise négociée en Syrie, en Irak, en Libye et au Yémen. Elle rejette toute intervention militaire dans ces pays et dénonce vivement les sponsors et les commanditaires des groupes terroristes qui sèment le chaos et la désolation aux quatre coins du monde. L’Algérie appuie aussi le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et celui de la Palestine à l’indépendance sur les frontières de 1967. L’Arabie saoudite, engagée militairement au Yémen, s’ingérant directement dans les affaires internes du Liban, de l’Irak et de la Syrie, soutenant ouvertement la colonisation du Sahara occidental par le Maroc, regarde d’un mauvais œil cet attachement de l’Algérie à la légalité internationale et aux bonnes valeurs émancipatrices de la diplomatie. La missive du président insiste sur la souveraineté des options prônées par l’Algérie, mais souligne également que cette différence de vues n’empêche pas les deux pays de développer des relations bilatérales harmonieuses, d’insuffler une coopération économique qui profiterait aux deux pays. Voilà un message qui a le mérite de la clarté. Nous ne partageons pas la même vision sur nombre de questions politiques et de dossiers diplomatiques, mais nous pouvons nous entendre sur d’autres questions d’intérêt mutuel, comme les échanges économiques, l’investissement et la régulation du marché pétrolier, où l’Algérie comme l’Arabie Saoudite partagent des intérêts communs colossaux. Il s’agit aussi d’un désaveu indirect adressé à certaines parties arabes qui profitent de cette situation, somme toute naturelle, pour approfondir la brouille entre les deux Etats. Les Saoudiens savent, désormais, à quoi s’en tenir de manière nette et précise. L’Algérie met les point sur les «i», insiste sur sa souveraineté et fait montre de sa volonté à s’engager dans des partenariats économiques «gagnant-gagnant». Comme le dit si bien un confrère chroniqueur : l’honneur et la dignité du pays ne se négocient pas. Voilà, en bref, le fin fond du texte.
K. A.
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