Une grande tension règne autour du dossier du Sahara occidental. Les derniers développements qu’a enregistrés la question soulèvent une très grande inquiétude des instances internationales telles que le Conseil de sécurité des Nations-Unies, contraint à tenir une réunion urgente ce vendredi. L’initiative a été soutenue par l’Union africaine signataire, avec l’ONU, de l’accord de cessez-le feu en 1991 entre le Front Polisario et le Maroc en vue de l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental.
Dictée par l’urgence de la situation, le Conseil de sécurité des Nations-Unies s’est donc réuni à la demande de l’Uruguay et du Venezuela. Objectif : rendre compte du drame des réfugiés sahraouis et celui des droits de l’Homme dans les territoires occupés par le Maroc et présenter le rapport de Christopher Ross au sujet des dernières mesures prises par les autorités marocaines contre la Minurso (Mission des Nations-Unies). On se souvient que 83 membres de la mission onusienne avaient été expulsés des territoires sous occupation marocaine suite aux propos tenus par Ban Ki-moon lors de sa visite au Sahara occidental et en Algérie. Le SG des Nations-Unies s’était exprimé en faveur d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui et s’était ému de la situation des réfugiés.
A plusieurs reprises, il avait également fait part de sa préoccupation au sujet des droits de l’Homme à El-Ayoun où il avait été empêché de se rendre. Mohammed VI avait également refusé de le recevoir à Rabat, une destination préalablement inscrite dans le déplacement de Ban Ki-moon, sous prétexte d’un voyage à l’étranger. Depuis, la tension n’a fait que monter : après une mise au point virulente aux Nations-Unies, Mohammed VI a organisé à Rabat une marche en protestation aux propos du SG de l’ONU, lequel a appelé les Marocains à respecter les Nations-Unies et sa personne. L’appel n’a pas fléchi les positions du roi de Maroc qui est alors allé crescendo en expulsant donc des membres de la Minurso et en annoncant son intention de fermer le bureau de cette mission à Dakhla, dans les territoires occupés. Plus grave encore, les autorités marocaines ont transmis officiellement leur refus de s’engager dans des négociations avec les responsables sahraouis, optant définitivement pour la «troisième voie» une sorte d’autonomie sahraouie sous contrôle marocain.
Et cela ne s’arrête pas là. Il y a quelques jours, le collectif international de juristes qui soutient les prisonniers politiques sahraouis à Gdeîm Izik a été arrêté à Rabat. Avant eux, deux juristes espagnols qui enquêtaient sur les droits de l’Homme avaient eux aussi été arrêtés et expulsés sous prétexte qu’ils constituaient une «menace imminente pour le Maroc».
L’affaire reprise dans toute la presse espagnole a soulevé un tollé au sein des associations de juristes espagnoles qui promettent une réaction à la mesure de l’évènement. L’attitude du Maroc, et le blocage du dossier sahraoui soulèvent, de ce fait, une très vive inquiétude au sein des instances internationales. La réunion du Conseil de sécurité de l’ONU qui s’est donc tenue ce vendredi est la cinquième du genre en ce mois d’avril. Initialement prévu lors de cette réunion, le rapport tant attendu de Ban Ki-moon sera, quant à lui, présenté à la mi-avril. D’autre part, le Conseil de sécurité consacrera à la fin du mois une séance consacrée à la prorogation du mandat de la Minurso.
Il faut savoir aussi que le Conseil de l’Union africaine pour la paix et la sécurité a publié un communiqué qui appelle le Conseil de sécurité à «assumer pleinement ses responsabilités afin d’exiger du Maroc l’annulation de la décision d’expulser le personnel de la Minurso et de réaffirmer le mandat de cette mission».
L’Union africaine souligne enfin que la décision du Maroc «aggrave l’impasse dans laquelle se trouve le processus de paix, ravive les tensions au Sahara occidental et menace la sécurité régionale au moment où la communauté internationale se mobilise pour trouver une solution à ce conflit».
A. C.
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