Sahara Occidental, année 40 : histoire, stratégies et défis pour l’avenir

Ce dossier a été coordonné par Laura Daudén, journaliste et diplômée en Relations internationales et études africaines. Elle est co-auteure du livre « Ni paz ni guerra : tres décadas de conflicto en el Sáhara Occidental », et elle travaille comme responsable de communication au sein de l’OGN brésilienne Conectas Derechos Humanos. Il rassemble 14 articles de militantes et militants sahraouis, et il été réalisé en portugais et en espagnol
Janvier 2016
En journalisme, il existe des critères pour déterminer si un sujet mérite ou non quelques lignes dans l’espace très limité et disputé des pages de journaux. Pour savoir si un sujet mérite d’être traité, nous apprenons qu’il faut faire un calcul subjectif et idéologique afin de définir combien cela intéresserait le public. Pour faire son calcul, au-delà des intérêts et spécificités du milieu de la communication, le journaliste doit prendre en compte des facteur comme l’actualité, la proximités, l’importance, la rareté, et la fréquence. Ce calcul politique n’a jamais été réalisé pour le Sahara Occidental. 
Dans des pays comme le Brésil, jusqu’à il y a peu, il était impossible de trouver ne serait-ce qu’une ligne sur le sujet dans les dits « médias traditionnels » ni dans les médias considérés comme alternatifs ou indépendants. Il s’agissait de ce que l’on classe comme un « non-sujet ». Bien entendu, ces niveaux de valorisation et d’intérêts varient d’un endroit à un autre. Néanmoins, y compris au sein des zones géographiques historiquement connectées au conflit, comme l’Europe, il ne fait aucun doute que l’oubli du conflit du Sahara est caractéristique.
Il n’existe qu’un seul front à partir duquel on résiste au niveau international à cet oubli : celui de la solidarité. Pour ceux qui en sont, il y a assez de questions humanitaires, historiques et de l’ordre de la légalité et de la justice pour considérer la situation du Sahara Occidental, la dernière colonie africaine, comme l’un des scandales politiques et sociaux les plus importants du XXI ème siècle. Une partie de ce petit groupe, néanmoins grandissant, a collaboré pour ce dossier pensé en trois temps (passé, présent, futur) sur l’avenir du conflit, qui en est arrivé à sa quarantième année le 27 février 2016. 
Les analyses de ce dossier ont été complétées par des témoignages d’hommes et de femmes sahraouis qui, à partir de la recherches, des arts, de la politique y du journalisme ont construit une attente active et infatigable, une des expériences de résistance les plus extraordinaires de notre temps.
Parte 1 : Un pays en exil | La guerre, la corruption et la fondation de la République
Dans la première partie, centrée sur les débuts du conflit, l’anthropologue espagnole Sonia Vergara Ruiz reconstruit le processus historique de formation de l’identité et du nationalisme sahraoui. La chercheuse brésilienne Carla Ricci, spécialisée sur le Moyen Orient et sur l’Afrique musulmane, explique l’invasion marocaine des territoires précédemment occupés par l’Espagne, et la difficile recherche de protection/refuge….. dans l’exil du peuple Sahraoui. Adriano Smolarek, professeur de droit international public à l’Université d’État de Ponta Grossa, au Brésil, aborde les aspects légaux de l’occupation et les intérêts cachés de chaque acteur politique impliqué. Cette partie s’ouvre sur un poème du jeune sahraoui Hamza Lakhal, qui vit sous le joug marocain dans la capitale occupée de El Aaiun, et par un témoignage touchant de la réfugiée sahraouis Senia Bachir. Elle trace des parallèle entre l’histoire de fugue et de survie de sa famille, et les obstacles qu’elle a rencontré pour pouvoir étudier en étant exilée.
Parte 2 : Un pays divisé | Vivre entre l’exil et l’occupation
La deuxième partie aborde les obstacles imposés par la division du peuple et du territoires Sahraoui. Malainin Lakhal et Joanna Allan font un panorama de la situation d’exploitation des ressources naturelles contrôlées par le Maroc dans le Sahara occupé, et les avancées réalisées pour mettre fin au pillage du territoire. Eneko Calle, de la Coordination Basque des Associations de Solidarité avec le Peuple Sahraoui 27 de Febrero – Otsailak 27, écrit sur l’importance du réseau international d’appui au peuple Sahraoui pour soulager de drame humanitaire vécu dans les campements de réfugiés.
Rodrigo Duque Estrada, chercheur au sein du Groupe d’études sur les conflits internationaux de l’Université catholique de Sao Paulo, analyse la dimension géopolitique des acteurs impliqués dans le conflit ainsi que le récente manœuvre consistant à associer la lutte sahraouie à l’émergence des mouvements terroristes dans la région du Maghreb. Toujours dans cette partie, nous présentons le témoignage de la journaliste sahraouie Agaila Abba sur l’importance de la solidarité internationale pour la formation d’un nouveau « bouillon de culture » dans les campements de réfugiés, ainsi que le récit du poète sahraoui Hamza Lakhal sur l’oppression marocaine au sein des territoires occupés.
Parte 3 : Un pays en reconstruction | En finir avec l’attente, atteindre la reconnaissance
La dernière partie rassemble les questions associées à l’art dans un contexte de conflit et aux efforts réalisés à partir de la culture et de la politique afin de débloquer le processus d’autodétermination. Dans une longue interview, le représentant du Front Polisario au Brésil, Mohamed Zrug, parle de la nouvelle frontière de la diplomatie sahraouie – la conquête de démocraties émergentes comme celle du Brésil et son poids significatif au niveau international, ainsi que son potentiel de transformation du débat au sein des espaces de discutions multilatéraux – . L’anthropologue espagnole Jara Romero, cherche quant à elle dans l’histoire de la musique et de la poésie sahraouie des issues contemporaines aux défis de sensibilisation et de communication autour de cette cause, à l’échelle mondiale. Aussi, ce dossier comprend le récit de Senia Bachir sur l’inquiétude latente – et légitime – de la jeunesse sahraouie concernant l’efficacité des stratégies pacifistes de résistance.

Be the first to comment

Leave a Reply

Your email address will not be published.


*