par Moncef Wafi
Sans surprise, le Conseil de coopération du Golfe (CCG) s’est aligné derrière l’Arabie saoudite sur la marocanité du Sahara occidental comme il l’a fait auparavant concernant le Hezbollah et bien d’autres dossiers. Ce sommet des rois, ceux des six pays du CCG et celui du Maroc, qui s’est tenu à Ryad, consacre, si besoin est, la position des monarchies du Golfe vis-à-vis de la question du Sahara occidental et sonne comme un défi au droit international. Une légalité piétinée par les Saoudiens connaissant leur pédigrée dans la violation des droits de l’homme.
Les Al Saoud l’avaient promis et comme juste retour d’ascenseur à l’engagement des 1.500 soldats marocains pour aller combattre au sol contre le Yémen, Ryad a décidé d’investir dans les principales villes occupées du Sahara. Dans ses bagages, les capitaux en provenance du Koweït, du Qatar, du Bahreïn et des Emirats. Pourtant, loin de simples considérations diplomatiques, ce sommet scelle le soutien des monarchies du Golfe «à toutes les causes politiques et sécuritaires importantes» du Maroc, dixit le roi wahhabite. En évoquant l’aspect sécuritaire de la question en réponse à l’appel de Mohamed VI pour protéger son pays de «complots contre son intégrité territoriale», on ne peut pas s’empêcher d’y lier les dernières déclarations des Sahraouis sur une éventuelle reprise de la lutte armée.
De là à trouver un lien de cause à effet, il n’y a qu’un pas à franchir que beaucoup d’observateurs n’hésiteront pas à faire. En effet, et après avoir zappé la Minurso et en attendant une hypothétique réaction du Conseil de sécurité de l’ONU, tout indique que le conflit entre Sahraouis et Marocains est dans sa phase de non-retour. Fatigués d’un statuquo voulu par Rabat et découragés par une diplomatie encline à pactiser avec la solution marocaine au détriment des recommandations onusiennes, le Polisario affûte ses armes en perspective d’une guerre qu’on estime proche. Ban Ki-moon himself le craint plus que tout et a appelé, a prié pour la relance d’un dialogue sérieux et sans conditions pour l’autodétermination du Sahara occidental.
Ryad a ainsi promis que si guerre il y a, ses forces armées ou celles de la coalition arabe, qui bombarde actuellement femmes et enfants au Yémen, interviendront aux côtés des troupes marocaines. Un cas de figure plausible dans la mesure où les deux parties, le CCG et le Maroc, se sont mises d’accord. Reste maintenant à connaître la position algérienne sur ce soutien diplomatique et ces menaces à peine voilées des Saoudiens qui sonnent comme une ultime provocation pour les Algériens. Lamamra va-t-il interpeller la partie saoudienne sur cette décision ou le sujet sera-t-il au menu de la prochaine visite du roi Salmane dans notre pays ?
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