Lecture de la résolution du Conseil de Sécurité sur le Sahara Occidental

Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté vendredi, après un dur bras de fer avec la délégation française, la résolution 2285 (2016) sur le Sahara Occidental. Une résolution qui constitue, contrairement aux termes du communiqué du ministère marocain des affaires étrangères, un  »revers cinglant », non pas pour le Secrétariat Général de l’ONU, mais pour la diplomatie des coups de gueules et des fanfarronades irresponsables prônée par Rabat contre la plus haute instance internationale.
En rappelant l’urgence du retour de la composante civile de la MINURSO, la résolution pointe du doigt le Maroc comme seule coupable de cette crise. En effet, la résolution est un cinglant rappel á l’ordre à Rabat qui, en expulsant una partie de la MINURSO et en s’opposant à la tournée du SG de l’ONU dans la région, Rabat s’est placé au rang de « pays hors-la-loi », a voulu dévier la question sahraouie de ses caractéristiques juridiques et politiques.
Le soutien réaffirmé aussi à la mission du Secrétaire général de l’Onu et de son envoyé personnel, Christopher Ross constitue un désaveu pour le Maroc et ses soutiens aussi, dans sa colonisation du Sahara occidental, principalement la France et les monarchies des pays du Golfe. 
De cette résolution, peut-on aussi soutirer les conclusions suivantes: 
– Les reproches contre les USA contenues dans le communiqué du ministère marocains des affaires en disent long sur l’état d’esprit des leaders du Makhzen. «Le Royaume du Maroc regrette que le membre du Conseil de Sécurité qui a la responsabilité de la formulation et de la présentation du premier projet de résolution, ait introduit des éléments de pression, de contraintes et d’affaiblissement», souligne le communiqué 
– Avec un langage diplomatique, la résolution impose au Maroc le retour de la composante civile de la MINURSO expulsée par Rabat. La France a voulu sauver la face du Makhzen en introduisant un léger changement entre le text projet de résolution américain initial et celui de la résolution définitive du Conseil de sécurité. La France a donné trois mois au Maroc pour revenir sur sa décision qu’il avait qualifié de « irreversible ».
– Les autorités marocaines s’attendaient à ce que le Conseil de Sécurité condament les déclarations du SG de l’ONU, Ban Ki-moon qualifiant la présence du Maroc au Sahara Occidental d’occupation. Loin de là, le Conseil loue les efforts de Ban et de son Envoyé Personnel pour le Sahara Occidental, Christopher Ross. Les deux personnes que le Maroc situaient dans le banc des accusés, se sont avérés des juges dont l’autorité et les décisions doivent être respectés par Rabat. 
– La propagande marocaine voulant que le référendum soit une option dépassée est tragiquement tombée à l’eau. Le Conseil note autant la proposition marocaine que celle du Front Polisario à pied d’égalité
– Les dirigents marocains n’ont de cesse martelé que les États-Unis soutenait la solution marocain au conflit du Sahara Occidental. Aujourd’hui, le discours a changé d’une manière brusque pour devenir violent et agressif vis-à-vis de Washignton que le Maroc désigne, à la place de l’Algérie, comme coupable de tous ses malheures parce qu’ils sont chargés par le dénommé Groupe d’Amis du Sahara Occidental de rédiger le text de la résolution du Conseil de Sécurité. Malgré les salves envoyées par le roi du Maroc depuis Riyadh, Washington est resté ferme dans sa détermination de défendre la légalité internationale et la crédibilité des missions de paix de l’ONU.
– Le roi Mohammed VI a voulu donner l’image du leader qui a changé de camp en se rendant à Moscou dont la position vis-à-vis du conflit du Sahara Occidental a largement vanté par la presse marocaine. Cependant, les déclarations du représentant russe auprès des Nations Unies consituent un véritable camouflet pour la politique saharienne du Maroc. Prenant la parole après le vote de la résolution du Conseil de Sécurité, le Représentant permanent adjoint de la Fédération de Russie Vladimir Safronkov a déclaré que le texte de la résolution présentait une « faiblesse majeure », au paragraphe 9 du préambule, où il est dit que « des efforts sérieux et crédibles » ont été « faits par le Maroc pour aller de l’avant vers un règlement ». Toute personne qui connaît la situation sait que cette formule n’est « pas d’actualité », a souligné le représentant.
La Russie s’est abstenu de se prononcer contre la résolution pour que son vote n’ait pas le poids d’un veto contre la résolution. 
– Pour les Nations Unies, le Sahara Occidental était et continuera d’être un territoire non autonome. Une position qui n’est pas du seul SG, mais de l’ensemble de la communauté internationale. Par conséquent, le problème du Maroc n’est pas le SG de l’ONU, mais l’ensemble de la communauté internationale. Qui dit TNA dit autodétermination, option maintenue avec insistance dans toutes les résolutions des Nations Unies, alors que la citation « crédible et sérieuse » en référence à la pseudo-proposition marocaine d’autonome figure dans les résolutions onusiennes du fait des pressions marocaines sur la délégation française pour en vanter les mérites devant le peuple marocain.
– Le conflit avec Ban Ki-moon n’est le premier du Maroc avec l’ONU. En 2012, les autorités marocaines ont dû se plier à la volonté de leurs alliés et faire marche arrière de leur décision de retirer leur confiance à l’EP de l’ONU pour le Sahara Occidental, M. Christopher Ross. Aujourd’hui, Rabat est obligé de faire marche arrière dans sa décision d’expulser la composante civile de la MINURSO. Un fait qui dénonce l’incompétence des responsables marocains et les profondes lacunes de la diplomatie marocaine.

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