Moroccoleks : Stratégie marocaine envers la conférence du MNA (Alger, 26-29 mai 2014)

Note

A

Monsieur le Ministre

Objet : Mouvement des Non Alignés (MNA)/ Conférence ministérielle de mi-parcours

(Alger, 26-29 mai 2014)

Faisant suite à ma précédente note, j’ai l’honneur de porter à votre connaissance que la Conférence ministérielle de mi- parcours du Mouvement des Non Alignés se tiendra à Alger les 28 et 29 mai 2014 et sera précédée par la réunion des hauts fonctionnaires les 26 et 27 mai prochain. Une lettre d’invitation officielle a été adressée à Monsieur le Ministre par son homologue algérien pour prendre part à cette Conférence.

La conférence d’Alger s’assigne pour objectif d’évaluer les réalisations du MNA dans le cadre de la mise en œuvre du Plan d’Action adopté lors du XVI Sommet du Mouvement, tenu à Téhéran en août 2012. A l’instar des Conférences précédentes, la réunion d’Alger examinera les moyens de consolider la dynamique d’adaptation du MNA pour préserver les principes fondateurs du Mouvement et réaffirmer son identité et sa raison d’être face aux changements multiples qui ont secoué le monde depuis la fin de la guerre froide.

Le propos de la présente note est de présenter les enjeux et objectifs du Maroc lors de cette Conférence, les grandes lignes du projet de déclaration de Monsieur le Ministre et la composition de la délégation marocaine à la Conférence d’Alger.

Enjeux et objectifs du Maroc :

L’analyse du projet de document final de la Conférence d’Alger cristallise, dans une grande mesure, les positions constantes du Mouvement, en usant d’un langage dogmatique et idéologique, par rapport à plusieurs questions à caractère politique, économique, social et culturel sur l’agenda international.

S’agissant du Maroc, le principal enjeu de la Conférence vise à préserver les acquis des années précédentes par rapport au traitement de la question du Sahara marocain dans le document final et d’éviter à tout prix l’introduction de tout langage controversé sur les droits de l’Homme ou l’exploitation des ressources naturelles. Selon notre Mission Permanente à New York, les amendements introduits au paragraphe sur le Sahara se sont limités à une simple mise à jour technique des résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité des Nations Unies.

Il convient de préciser que le texte du document final du NAM, adopté, par consensus, lors du Sommet de Téhéran en août 2012, se limite à rappeler les éléments suivants :

La validité des trois options de l’autodétermination (Autonomie, Intégration et indépendance) ;

L’appui au processus de négociations sur la base des résolutions adoptées par le Conseil de sécurité de l’ONU depuis 2007 (date de la soumission par le Maroc de son initiative d’autonomie) ;

La prise en compte des efforts déployés par le Maroc depuis 2006 ;

L’appel aux Etats de la région pour coopérer pleinement avec l’ONU dans le cadre du processus de négociations.

Ainsi, nos objectifs lors de la réunion d’Alger peuvent se décliner come suit :

Préserver le texte agrée au Sommet de Téhéran sur la question du Sahara avec des mises à jour techniques (actualisation des références aux résolutions de l’Assemblée générale de décembre 2013 et du Conseil de sécurité …..du 29 avril 2014) ;

S’opposer à l’introduction de tout nouveau langage ou référence à la question des droits de l’Homme ou celle de la gestion des ressources naturelles au Sahara marocain ;

Le Maroc a soumis sa candidature pour présider la Commission politique de la Conférence, l’une des deux importantes Commissions du NAM. L’Algérie, visiblement gênée par notre candidature, a poussé la Namibie (l’un des relais algériens au sein de la SADC ouvertement hostiles au Maroc) à présenter sa candidature. Le Maroc devrait s’opposer au fait accompli algérien, en maintenant notre candidature et en cas de blocage, réfléchir à un tiers pays à mettre dans la course ;

Au-delà, la participation du Maroc devrait être l’occasion pour gêner nos voisins par rapport à notre vision politique et diplomatique concernant les questions sur l’agenda régional et international.

La démarche marocaine consisterait donc :

Verrouiller le texte sur le Sahara à New York, et éviter son ouverture par la Commission politique à Alger ;

Assurer à temps, de préférence après l’adoption de la résolution sur le Sahara, une forte mobilisation des pays amis, notamment en Afrique, pour appuyer le texte agrée au Sommet de Téhéran, en les incitant également à faire des références à l’initiative marocaine d’autonomie et aux efforts du Maroc dans la recherche de la solution politique au différend régional sur le Sahara ;

Neutraliser la candidature de la Namibie à la présidence de la Commission politique du NAM, en rappelant que le Maroc a été le premier à se porter candidat. En cas d’absence de consensus, le Maroc pourrait encourager une tierce candidature qui n’épouse pas les thèses de l’Algérie sur la question du Sahara.

Grandes lignes de la déclaration de Monsieur le Ministre :

La thématique de la Conférence d’Alger portera sur : « Le renforcement de la solidarité pour la paix et la prospérité »

A l’instar des années précédentes, la déclaration du Maroc devrait véhiculer des messages clairs et forts, en mettant en avant, entre autres éléments :

L’attachement du Maroc aux principes fondateurs du Mouvement et sa volonté d’œuvrer avec les autres membres pour faire du NAM une force de proposition crédible et responsable sur la scène internationale ;

L’importance du renforcement de la solidarité entre les pays du NAM par des actions concrètes, dans le respect des principes de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale ;

La priorité qu’accorde le Royaume, conformément à la vision Royale, en faveur du renforcement de la cohésion régionale et sous régionale, la solidarité agissante avec ses partenaires africains et l’encouragement de nouvelles formes de coopération capables de répondre au mieux aux besoins des pays concernés ;

Le rappel des paramètres définis par le Conseil de sécurité des Nations pour la recherche d’une solution politique au différend régional autour du Sahara marocain.

Il n’est pas exclu que la déclaration de l’Algérie aborde la question du Sahara sous le prisme de la décolonisation et à partir de sa lecture biaisée et restrictive du principe de l’autodétermination, en relayant notamment les recommandations du dernier rapport du Secrétaire général de l’ONU sur le Sahara. Il est également possible que la pays hôte aborde les questions des droits de l’Homme et des ressources naturelles et mobilise ses relais, foncièrement hostiles au Maroc, pour distiller des messages forts contre notre pays.

La démarche marocaine devra être, par conséquent, offensive et agressive sans laisser aucune occasion pour répondre à toutes les tentatives de dénigrement de la part de nos adversaires.

Composition de la délégation marocaine :

Tenant compte du contexte et des enjeux de la Conférence d’Alger, je propose que la délégation conduite par Monsieur le Ministre soit composée comme suit :

M. Omar Hilale, Ambassadeur, Représentant Permanent du Royaume à New York ;

L’Ambassadeur de Sa Majesté le Roi à Alger ;

M. Azzeddine Farhane, Directeur des Nations Unies et des Organisations Internationales;

Mme Zakia El Midaoui, Directeur de la Coopération Multilatérale ;

M. Redouane HOUSSAINI, Chef de la Division des Nations Unies ;

M. Mohamed Achgalo, Chef de la Division des droits de l’Homme et des question humanitaires ;

M. Bouchaib El Oumni, Ministre Conseiller à la Mission Permanente du maroc à New York ;

Deux ou trois responsables de la DGED.

Je vous saurais gré des instructions que vous voudriez bien donner à ce sujet.

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