Tous les intervenants à la rencontre de solidarité avec le peuple sahraoui que TAJ (Tajamou Amal Jazaïr) a organisée, hier, en son siège national, ont été unanimes à souligner le caractère extrêmement dangereux pour la paix dans la région et la stabilité de tous les pays composant le vaste espace s’étendant sur tout le nord du continent africain, sa partie Ouest et le Sahel, de la persistance du problème du Sahara occidental.
Un avis que le président de TAJ n’a pas manqué d’expliciter dans son intervention. Pour Amar Ghoul, en effet, cette persistance n’est pas du tout fortuite. Mais sciemment voulue par ceux qui n’ont de cesse de démembrer cet espace. En retardant par moult artifices l’application de nombre de résolutions de l’organisation onusienne consacrant explicitement le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, ceux-ci visent, a-t-il déclaré, « à créer les conditions idoines à un basculement de la région dans la violence ». Surtout qu’un tel blocage a pour conséquence majeure « d’y entretenir sciemment un foyer de tension permanent fort préjudiciable, a-t-il ajouté, aux aspirations à l’unité et à la stabilité des peuples de la région ». Un blocage qui dure, ont rappelé tous les intervenants, parmi lesquels l’ambassadeur de la Rasd à Alger, « depuis, au moins, 1975 ». Tout en rappelant que notre pays, « contrairement à ce que tend sournoisement à accréditer le Maroc, n’est aucunement partie prenante dans le conflit », le président de TAJ a publiquement demandé à celui-ci, « de ne pas servir d’agent d’exécution au plan visant à porter atteinte à la stabilité de la région et de ne pas œuvrer, par procuration, aux desseins de l’ancienne puissance coloniale visant à recoloniser la région ». Une demande qui sonne comme une franche accusation adressée au Makhzen marocain « de n’être qu’un simple instrument entre les mains de ceux qui œuvrent au démembrement » du vaste espace arabo-sahélien. Le rôle négatif joué par le Maroc dans la région a été également mis en exergue par les autres intervenants. Aussi bien les professeurs d’université Souilah Boudjemaâ, Lazhar Maroc et Baba Essayed, ce dernier, sahraoui, que Saliha Nouasria, secrétaire nationale chargée des droits de l’Homme à la direction nationale de TAJ, Saïd Layachi, président du comité de solidarité avec le peuple sahraoui, et Boucheraya Hamoudi Sidina, ambassadeur de la Rasd à Alger, tous, ont, en effet, dénoncé la fuite en avant du Maroc dans ce conflit. Une fuite en avant d’autant plus condamnable, ont-ils déclaré à l’unanimité, que « toutes les résolutions votées par l’ONU ont consacré le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination». Cette constance dans la position de l’organisation onusienne dans la réaffirmation d’un tel droit s’est de nouveau vérifiée la fin du mois écoulé avec le vote d’une autre résolution similaire. Ce qui confirme, ont souligné les intervenants précités, l’avancée que la cause sahraouie est en train de réaliser à travers le monde. Et, par ricochet, l’affaiblissement continu de la position marocaine. Et ce, ont-ils précisé, « malgré le soutien permanent de la France aux thèses colonialistes du Makhzen ». Pour preuve de cet affaiblissement, l’ambassadeur de la Rasd a cité « le soutien de 185 pays à travers le monde à l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental, le refus des Etats-Unis d’inclure dans l’accord d’association qu’ils ont signé avec le Maroc, les territoires sahraouis, et la dénonciation, en décembre 2015, par l’Union européenne de l’accord de pêche avec (ce pays) » ; un accord qui, à titre indicatif, incluait lesdits territoires. Sauf que ces avancées ont été estimées, par tous les intervenants, « d’insuffisantes ». Pour Boucheraya Hamoudi Sidina, ambassadeur de la Rasd à Alger, « la patience des Sahraouis est à bout ». Et d’expliquer : « Depuis 25 ans, les Sahraouis ont donné l’entière préférence à la solution politique. Sans que le Maroc ne cède rien en contrepartie. C’est une situation qui ne peut pas durer indéfiniment ». Une analyse que partage entièrement le professeur Souilah Boudjemaâ. Qui n’a pas hésité, dans un court entretien que nous avons eu avec lui en marge de la rencontre d’hier, à nous déclarer que « le point de la dernière résolution sur le retour de la Minurso, bien que positif, ne vise pas à accélérer la résolution de ce conflit colonial qui a trop duré mais a pour objectif non déclaré d’éviter que l’exemple marocain de renvoi d’une mission onusienne, ne se répète ailleurs où des missions similaires existent ». De là son appel à faire du délai de trois mois donné au Maroc pour permettre un tel retour (de la Munurso), « une période de pressions politiques, aussi bien sur ce pays que sur toutes les organisations internationales, afin de faire avancer irrémédiablement la question sahraouie ». Et éviter ainsi, a-t-il laissé entendre,au vaste espace englobant la région nord-africaine, l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, « d’entrer dans une zone de turbulences d’où il ne sortira que divisé ». Une perspective contre laquelle, a déclaré Amar Ghoul, « lutte résolument l’Algérie ». D’où, a-t-il ajouté, « son engagement constant et résolu en faveur de la résolution du conflit du Sahara occidental » ; un conflit qui est d’essence éminemment colonial. Et dont la résolution passe, par conséquent et impérativement, ont soutenu tous les intervenants, « par l’exercice, par le peuple sahraoui, de son droit à l’autodétermination ». Un passage qui est, a déclaré le président de TAJ, « pour notre pays, une question de principe ». Que l’Algérie a toujours défendu. Depuis son accession à l’indépendance, a rappelé Souilah Boudjemaâ, « dans quinze conflits du genre ; certains dans son voisinage immédiat, d’autres en des contrées plus lointaines ».
Mourad Bendris
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