Zahra Kefane
L’Algérie et la France, sont deux pays liés par un passé lourd, 132 ans de colonialisme. 65 ans après l’indépendance, les deux parties ont essayé tant bien que mal de hausser leurs relations, leur donner un nouvel élan.
Sur le plan économique, la coopération semble aller de l’avant, mais n’est-il pas difficile de réussir cette phase de partenariat si les relations politiques restent toujours sous tension ? Des déclarations, ici et là, parfois même des gestes paraissent-ils moins importants mais qui touchent la sensibilité d’une partie par rapport à l’autre, notamment depuis la sortie du Premier ministre, Manuell Valls, après sa réception par le chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, publiant un tweet où il montrait le Président dans un état critique.
Un geste, une photo, un tweet, qui a beaucoup touché les pouvoirs publics et suscité des critiques de part, les ministres, les partis politiques, qualifiant d’ «indélicat », le geste de Valls.
A voir les points sensibles qui touchent les deux pays, il s’agit d’une relation qui fait un pas en avant, et puis deux pas en arrière. L’ambiguïté du rapport qui lie les deux pays ne cesse de s’accentuer.
Le haut responsable français chargé de la coopération industrielle et technologique franco-algérienne, Jean-Louis Levet a décrit, dans un entretien au bimestriel AlgerParis, les relations algéro-françaises, indiquant que la dernière session du Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN), tenue en avril dernier à Alger, constitue une nouvelle étape dans « la montée en puissance » des relations entre les deux pays.
A noter que ces derniers vivent d’énormes tensions depuis cette rencontre qui a été conclue par le « dérapage» de Manuel Valls, publiant la photo du Président. Les partis politiques algériens ont mené une guerre médiatique contre ce geste, même l’ambassadeur de France en Algérie a été convoqué par le chef de diplomatie, Ramtane Lamamra. Dans ce sens, lors de sa sortie dernière sortie médiatique, le SG du RND, Ahmed Ouyahia, fraîchement élu par la majorité de son parti, a souligné que «ce tweet ne va pas affecter les relations stratégiques entre les deux pays». Deux jours après, l’Algérie se retrouve une nouvelle fois attaquée.
Mardi 10 mai, l’ex-président français, Nicolas Sarkozy, dans un discours prononcé sur le thème de la Défense a fustigé l’Algérie, allant jusqu’à la comparer avec le Maroc. «Aux portes de l’Europe, nous avons une déstabilisation quasi-complète de tout le sud de la Méditerranée, mis à part le Maroc où nous pouvons nous appuyer sur un grand roi – et souhaitons-lui longue vie», a-t-il signifié. Sur le volet sécuritaire, Nicolas Sarkozy a évoqué la Tunisie. «Ce pays si proche de nous est dans une situation qui devrait nécessiter un effort sans précédent de notre part.
Parce que la sécurité de la Tunisie, c’est la sécurité de la France», a-t-il souligné. A entendre son discours, on aurait dit que cet homme politique dont certains le décrivent comme «hanté par l’Algérie», et «inquiet», selon ses dires par la situation en Tunisie, n’est pas au courant que ces deux pays collaborent ensemble et ont consenti énormément d’efforts dans la stabilisation de la sécurité dans la région du Maghreb.
Algérie et Tunisie, deux voisins qui se sont concertés sur la nécessité d’un dialogue politique basé sur la paix pour résoudre les conflits, et contre toute sorte d’intervention militaire. Au moment où Nicolas Sarkozy semble préoccupé par la situation en Tunisie, il glorifie le roi du Maroc dans son discours, et en même temps la France ne cesse de prêter main forte au Maroc dans le conflit du Sahara Occidental. Ce dernier dont la situation est «alarmante», selon les déclarations du haut responsable des Nations unies Ban Ki-moon lors de sa visite en mars dernier au Sahara Occidental.
Le président du parti des Républicains ne s’est pas arrêté ici, «je ne dirai rien de nos amis Algériens parce que je sais que le sujet est sensible, mais c’est un sujet», ajoutant «j’opposerai un démenti formel à tous ceux qui viendraient me dire qu’il n’y pas de question qui se pose, surtout avec l’effondrement des prix des matières premières et la dépendance de ce grand pays aux énergies fossiles», a-t-il précisé.
Le président d’une instance politique influente dans le pouvoir français critique la situation économique en Algérie, et qu’en même temps, rien ne va dans son pays. Effectivement, le Premier ministre, Manuel Valls, a engagé, mardi dernier, la responsabilité de son gouvernement via l’alinéa 3 de l’article 49 de la Constitution afin de faire adopter sans vote le projet de loi de travail. Une décision qui a fait des milliers de mécontents en France. Par la suite, des milliers de personnes sont descendues dans la rue pour dénoncer ce «passage en force». Des slogans tels que «libérez le Parlement» ou «Hollande démission» ont été entendus.
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