Dans une nouvelle mobilisation digne des jongleurs du Jamaa El Fna, à Marrakech, le gouvernement marocain a une nouvelle fois pris l’administration américaine comme cible de ses attaques. L’excuse officielle est que le Makhzen proteste contre le rapport du Département d’Etat américain sur les droits de l’homme pour l’année 2015 qui dénonce les violations des droits de l’homme autant au Maroc qu’au Sahara occidental
Le rapport évoque des cas de torture pendant et la détention et la garde-á-vue et dénonce le manque d’indépendance de la justice qui empêche parfois les accusés d’avoir le droit à un procès équitable.
Des responsables marocains ont convoqué l’ambassadeur USA à Rabat pour lui signifier leur protestation contre le contenu de ce rapport.
Cependant, des observateurs signalent que ce nouvel état d’animosité a un caractère soudain et inespéré á l’instar d’autres que la scène politique et médiatique marocaine a connus dans le passé et qui est devenu un trait caractéristique de la politique du Maroc.
Cette fois-ci, le bouc émissaire est un rapport de routine sur les droits de l’homme que le Département d’Etat a l’habitude de publier chaque année. Dans un communiqué, le ministère marocain des Affaires étrangères annonce avoir fait part à Dwight Bush, de ce qu’il estime être des exemples de « manipulation avérée et d’erreurs factuelles flagrantes qui entachent le rapport du département d’Etat ». Seulement, cette réaction du gouvernement marocain vient un mois après la publication dudit rapport. Selon ces mêmes observateurs, ce retard est devenu une constante des réactions marocaines. Le rapport est sorti le 13 avril 2016, mais les médias marocains ne l’ont remémoré que maintenant sous ordre du palais. La presse marocaine, fidèle à elle-même dance au rythme de la crise émotionnelle du Makhzen qui donne l’aura pour des crises d’hystérie presque théâtrales.
Les connaisseurs du paysage politique marocain soulignent que ce type de comportement n’est pas noveau. Ils donnent comme exemple la campagne orchestrée contre la Suède en septembre dernier sous prétexte d’une résolution du parlement suédois votée en 2012, c’est-à-dire 3 ans avant. Ils citent aussi la crise que le Makhzen a piqué contre l’Union Européenne au mois de février derniers pour dénoncer une décision de la Cour Européenne prononcée au mois de décembre 2015. C’est-à-dire deux mois après la décision suposée être la raison de cette « rage ». A cela s’ajoute la toute récente campagne contre ni plus ni moins que le Secrétaire Général de l’ONU, Ban Ki-moon, auquel on a traité de tous les maux.
Selon le site marocain Annayir, « les raisons de la « colère royale » contre les Etats-Unis sont connues depuis un certain temps » qui ajoute que « la rencontre entre Kerry et le Premier britannique sur la lutte contre la corruption l’a accentuée ».
« Les déclaration du ministre des affaires étrangères américain ne pouvait que susciter la « panique et la terreur » au cabinet royal, aprés avoir donné la priorité de la lutte contre la corruption à la lutte contre le terrorisme », souligne la mème source. « La rencontre avait le but de faire pression sur les paradis fiscaux (comme les Iles Vierges) où le roi Mohammed VI a planqué une partie de son argent, pour leur imposer plus de transparence. La rencontre a annoncé une série de mesures visant à mettre fin à l’acquisition clandestine de biens immobilier en France et au Royaume Uni moyennant des sociétés écrans au Luxembourg et aux Iles Vierges (comme c’est le cas du roi Mohammed VI) et l’annonce de la création d’un registre public qui met en évidence le véritable propriétaire de ces biens immobiliers en toute transparence », a-t-elle ajouté.
Selon Annayir « en dépit de cela, il est difficile de séparer la soudaine « colère royale » du 17 mai, un mois après l’apparition du rapport annuel (et habituel) sur les droits de l’homme et la résolution adopté unanimément dans le même jour par le Sénat qui lève l’immunité des pays (dont le premier concerné est l’Arabie Saoudite et la famille des Al Saoud) permettant leur pourusite judiciaire dans les tribunaux des Etats-Unis par les victimes des attaques terroristes qui ont eu lieu sur le sol américain (en particulier les attentats du 11 septembre) ».
« La résolution, malgré qu’elle attend la ratification du président Obama dont il a déjà annoncé le rejet, a secoué les Al Saoud dont la colère a été sentie par le roi Mohammed VI depuis sa résidence parisienne. Celui-ci aurait donné des instructions pour que cette « colère soit exprimée » et le prétexte idéal à jeter à l’opinion publique (externe, en particulier parce que l’opinion interne est occupée avec les scandales des célébrités et le championnat de football) était ce rapport qui date de plus d’un mois ».
« En dépit de sa qualité de rapport de routine, il contient quelques nouveautés. Pour la première fois, il parle ouvertement de corruption, conflit d’intérêts, et utilisation des institutions de l’Etat comme l’exécution des ordres. Ce qui veut dire que les critiques se rapporchent du roi, surtout que le nom de Mounir Majidi a été cité pour la première fois dans le rapport. Raison suffisante pour provoquer une colère royale, voire un « état de dépression » chez le roi Mohammed VI ». Le secrétaire personnel du roi Mohammed VI qui a touché la somme de 500.000 DH comme indémnisation de la part du site Goud.ma.
En outre, le rapport qualifie la corruption au Maroc de spontané, systématique et généralisée et elle « mine l’efficacité du système judiciaire. Les autorités ne publient pas de données officielles sur les enquêtes du gouvernement, les poursuites ou les punitions de fontionnaires qui ont commis de tels abus ».
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