"Avec ou sans Ban Ki-moon, notre cause est juste et notre conviction inébranlable" (MAE sahraoui)

Mohamed Salek Ouled Salek, ministre des Affaires étrangères sahraoui «Avec ou sans Ban Ki-moon, notre cause est juste et notre conviction inébranlable»


Écrit par Meriem Kaci


Reporters : Mercredi dernier, le président du Conseil de la nation sahraoui, Khatri Addouh, a affirmé à la presse que le Front Polisario est prêt à reprendre la lutte armée dans le cas où le référendum pour l’autodétermination des Sahraouis tarderait à venir. Quelle lecture doit-on faire de sa déclaration, sachant que ce n’est pas la première fois qu’un responsable sahraoui menace d’un retour aux armes ? 
Mohamed Salek Ouled Salek : Il y a un temps pour tout : pour la paix comme nous l’avons choisie, comme pour la guerre que nous sommes prêts à reprendre contre l’occupant marocain dans le cas où le Conseil de sécurité ne parviendrait pas à organiser, comme il est indiqué depuis des années dans son agenda, un référendum d’autodétermination et que le peuple attend impatiemment depuis 1991, année, comme vous le savez, de la signature du cessez-le-feu. Pour répondre à votre question, l’annonce de la possibilité d’un retour aux armes n’est pas une menace en l’air. C’est un rappel que les Sahraouis ont tout donné pour que la paix garde ses chances d’aboutir. Aujourd’hui, je le répète, par lassitude et perte de confiance vis-à-vis des instances onusiennes et internationales, ils exercent une pression sur leurs responsables politiques et militaires pour la reprise de la lutte armée. Voilà la réalité aujourd’hui. Et il faut qu’on en tienne compte. Le Front Polisario a préféré donner sa chance à la paix, aux négociations, aux Nations unis et à la communauté internationale pour régler le conflit. Mais il ne peut continuer à le faire indéfiniment et sans résultat, en continuant à calmer la volonté populaire d’un retour aux armes. 
La visite du secrétaire général de l’ONU, Ban ki-Moon dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf a été un évènement important, voire un tournant dans l’histoire du conflit maroco-sahraoui. Il a eu le courage de nommer les choses telles qu’elles sont. Il a parlé, comme vous le soulignez, d’«occupation». Sauf qu’il est en fin de mission. Ne pensez-vous pas que son départ du secrétariat général de l’ONU, à la fin de l’année, ne sera pas un coup dur pour la cause sahraouie ? 
Ecoutez, en considérant le Polisario comme un mercenaire et en niant l’existence du peuple sahraoui, le Maroc a, depuis toujours, piétiné les résolutions onusiennes et du Conseil de sécurité, notamment les résolutions 4-37 de 1979 et 35-19 de 1980. La position de l’ONU et du Conseil de sécurité a toujours été de déplorer l’occupation marocaine. Le nouveau, en effet, est d’avoir un secrétaire général, Ban ki-Moon, qui, par émotion et indignité, a préfère nommer les souffrances des Sahraouis autrement que par des mots diplomatiques. Il a dit les choses telles qu’il les a vues, avec courage. Et c’est ce qui n’a pas plus au Maroc et à ses soutiens internationaux, dont la France. Son départ ouvrira sans doute une nouvelle page pour l’ONU et son histoire ; pour les Sahraouis, avec ou sans Ban Ki-moon, il est évident qu’ils poursuivront la lutte abstraction des changements qui peuvent avoir lieu aux Nations unies ou ailleurs. Notre cause est juste, et notre conviction pour la défendre est inébranlable. 
Le Conseil de sécurité a voté pour le retour de la Minurso dans les territoires sahraouis. Quelle appréciation en faites-vous ? 
La tentative marocaine de vouloir éliminer et expulser la composante civile et administrative de la Minurso a échoué, tout comme sa stratégie à vouloir changer le mandat et la nature de cette mission onusienne. De ce point de vue, la résolution adoptée le 30 avril dernier est un pas positif que nous saluons. C’est un indicateur qui montre que la cause sahraouie est entendue. Mais ce n’est pas le mot de la fin. Les Sahraouis veulent, sur la base de la légalité internationale et des résolutions du Conseil de sécurité, que la Minurso fasse ce qu’elle doit faire : aller jusqu’au bout de son mandat dont la logique est la tenue d’un référendum d’autodétermination. L’enjeu, maintenant, est que le Conseil de sécurité parvienne à fixer une date pour ce référendum. 

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