Trois lourds exemples d’une brouille appesantie par d’autres dossiers comme le Sahara occidental et l’alignement inconditionnel de Paris derrière les options marocaines qui ont fini par compromettre le couple Algérie-France le poussant à la limite d’un divorce consommé.
par Moncef Wafi
La situation est telle que Paris a décidé de dépêcher un pompier, déjà rompu à l’exercice, pour tenter d’éteindre le feu qui est en train de consumer la maison algéro-française. En effet, les Français jouent gros en se mettant à dos le gouvernement algérien après une série de «maladresses», pour paraphraser Chevènement, et le moindre petit grain peut gripper une relation privilégiée et un partenariat loin, très loin même, d’être un exemple du win-win.
Connaissant la susceptibilité de nos dirigeants, l’actuel gouvernement français, dépouillé des diplomates historiques et des professionnels du dossier algérien, a multiplié bourdes sur sorties hasardeuses et déclarations malencontreuses. Qu’on en juge: une photo gratuite illustrant la Une du Monde sur les Panama papers, ce qui lui a valu des poursuites en justice. Un tweet de Valls montrant Bouteflika diminué et malade déclenchant un concert de réprobations de la classe politique algérienne. Une déclaration de l’ambassadeur français à Alger sur la délivrance des visas privilégiant la région de la Kabylie dans un contexte interne particulier allant jusqu’à soupçonner le diplomate de comploter contre l’unité nationale.
Trois lourds exemples d’une brouille appesantie par d’autres dossiers comme le Sahara occidental et l’alignement inconditionnel de Paris derrière les options marocaines qui ont fini par compromettre le couple Algérie-France le poussant à la limite d’un divorce consommé. Ce qui fait courir les Français est connu: contrats, favoritisme et cash. Les présidentielles de 2017 également comme c’est de coutume tous les quinquennats. Ce qui fait par contre galoper les Algériens reste pour le moins incompréhensible aux yeux du commun des citoyens à l’exception du visa Schengen.
Que gagne de son côté l’Algérie à s’accommoder d’un partenaire vexant, jaloux et revanchard ? Sur le plan économique, celle de la France n’est pas un exemple de réussite, loin s’en faut. Alors pourquoi nos ministres s’entêtent à signer des contrats exclusifs avec des entreprises françaises, à croire qu’elles sont les seules à être performantes ou du moins à offrir des opportunités de partenariat ? Pourquoi ne pas se tourner vers le modèle allemand ou anglais ? Tout le monde s’accorde à reconnaître une certaine vulnérabilité de nos décideurs envers la France puisque pas mal de leurs affaires et patrimoines immobiliers s’y trouvent. Certains d’entre eux à des postes clés du pouvoir possédant même la double nationalité, eux ou leurs proches parents. Ouyahia, avec tous les travers qu’on lui prête, sait pertinemment le danger d’une telle situation en insistant sur l’article 51 bis de la nouvelle Constitution. Doit-on alors changer de partenaire, se réconcilier avec la France pour le bien de nos décideurs ou fermer nos frontières ?
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