LE LION D’ES SMARA NOUS QUITTE

Le leader révolutionnaire Mohamed Abdelaziz, président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et secrétaire général du Front Polisario, est décédé à l’âge de 68 ans des suites d’une longue maladie. C’est ce qu’a annoncé, hier, la direction du mouvement de libération du Sahara occidental sous occupation marocaine depuis 41 ans.
Le chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, a décrété un deuil national de huit jours à travers le territoire national tandis que le Polisario a décrété un deuil de 40 jours à la mémoire de son leader. 
Infatigable combattant, le défunt est né en 1948 à Smara, où il a effectué ses études primaires puis secondaires avant de décrocher un diplôme en médecine. 
Il s’est engagé dès les premières années de la lutte du parti de la « Saguia el Hamra et Rio de Oro », créé en 1965, contre d’abord le colon espagnol puis l’occupant marocain en 1965. 
Il était membre fondateur du Front Polisario et élu au bureau politique du Front lors de son congrès fondateur du 10 mai 1973. Mohamed Abdelaziz était un chef militaire au front, au côté des combattants du mouvement, jusqu’à son élection suite à l’assassinat d’El-Ouali Mustapha Erraqibi (membre fondateur du Front Polisario et son secrétaire général, le 9 Juin 1976) dans une opération menée par l’armée mauritanienne. 
Lors du 3e congrès du Front Polisario (août 1976) Mohamed Abdelaziz fut désigné secrétaire général du Front et président du Conseil du commandement de la Révolution. 
En octobre 1976, lors du 5e congrès, il fut également désigné président de la RASD. Il est réélu à ce poste depuis cette date à ce jour. Pour les Sahraouis, il était le symbole de tout un peuple dans la lutte contre le colonialisme marocain. Il était commandant de région militaire jusqu’en 1976.
À la suite de la mort de El-Ouali Mustapha Sayed, il est élu secrétaire général du Front Polisario et président du Conseil de commandement de la révolution en août 1976. Il a été élu président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en octobre 1982, et réélu à ses fonctions en 1985, 1989, 1991, 1999, 2003 et 2007. 
Il a été élu vice-président de l’OUA en 1985, puis de l’Union africaine en 2002. A cause de sa maladie, Mohamed Abdelaziz, 68 ans, s’est éloigné de la scène politique depuis plusieurs mois. Le secrétariat général du Front, basé dans les camps de Tindouf, a décrété un deuil national de 40 jours. 
Selon le règlement interne du Polisario, l’intérim sera assuré par le président du Conseil national du Front, Khatri Addouh, dans l’attente de l’organisation d’un congrès extraordinaire qui désignera le futur chef de cette entité qui revendique l’indépendance du Sahara occidental. 
Le Président du conseil sahraoui devrait remplacer le défunt au poste de président de la RASD et de SG du Front Polisario jusqu’à l’élection, au bout de ces 40 jours, d’un nouveau président dans une assemblée extraordinaire. 
Lors du Conseil des ministres, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika a entamé la séance par l’observation d’une minute de silence et lecture de la Fatiha du Saint Coran, à la mémoire du défunt président sahraoui. Mohamed Abdelaziz a milité aussi en faveur d’un règlement politique du plus vieux conflit en Afrique qui oppose son pays au Maroc depuis 1975. 
Le Maroc et le Front Polisario ont conclu un cessez-le-feu en 1991 suivi de négociations qui ont conduit à la signature des accords de Houston (Etats-Unis). Ces accords prévoient la tenue d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui, qui a été ensuite renié par l’occupant marocain.
Face aux faux-fuyants du Maroc, appuyé dans sa politique coloniale notamment par la France et Israël, il avait mis en garde en avril dernier l’ONU d’un risque de reprise des combats pour la libération de son pays si la mission des Nations unies dans ce territoire (MINURSO) ne pouvait pas assumer pleinement son mandat La MINURSO déployée en 1991 pour surveiller un cessez-le-feu au Sahara occidental en attendant que soit défini le statut de ce territoire, (ex-colonie espagnole annexée par le Maroc en 1975). 
Dans une lettre adressée au Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, Mohamed Abdelaziz précisait que « le peuple sahraoui sera alors de nouveau contraint de défendre ses droits par tous les moyens légitimes, y compris la lutte armée qui est légalisée par l’ONU pour tous les peuples colonisés ». 
Lors d’une tournée dans la région début mars dernier, Ban Ki-moon a fortement irrité Rabat en parlant d’occupation, alors que le Maroc considère le Sahara occidental comme partie intégrante du royaume. 
En représailles, le Maroc a expulsé la quasi-totalité des experts civils expatriés de la MINURSO et fait fermer un bureau de liaison militaire.

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