par Moncef Wafi
Le poids de Washington sera-t-il plus fort que celui de Ban Ki-moon ? Tout porte à le croire. Et les derniers événements de la crise sahraouie le prouvent avec l’avant-projet de résolution présenté par les Etats-Unis au Conseil de sécurité, fin avril dernier. Un texte, dit-on, loin d’être favorable aux intérêts du Maroc. Les Américains ont insisté sur le retour immédiat des éléments de la composante civile et politique de la Minurso expulsés par le Maroc en mars alors que le Conseil de sécurité avait renvoyé Ban et Rabat dos à dos sur cette question. C’est dans cette logique qu’une délégation du Congrès américain, démocrates et républicains, effectue depuis hier une visite de cinq jours, la deuxième, aux camps des réfugiés sahraouis. La présence des représentants du Parlement américain a pour objectif de soutenir le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et exprimer le refus de la politique de colonisation menée par le Maroc, selon l’ONG américaine, Defense Forum Foundation, l’organisatrice de cette initiative.
La réaction américaine, vécue comme un véritable camouflet par les Marocains, exhume l’option de l’autodétermination, l’avant-projet américain précisant que la principale mission onusienne est d’abord l’organisation du référendum au Sahara occidental et non pas uniquement la surveillance du cessez-le-feu de septembre 1991 entre le Maroc et le Polisario. Cette visite, mais aussi la position américaine, est l’aveu d’un échec consommé des Marocains qui se sont engagés dans une guerre de lobbying dans les couloirs onusiens et des institutions américaines. Pourtant, jusqu’à aujourd’hui, Rabat n’a pas réhabilité la Minurso dans ses effectifs civils imposant au reste du monde un statu quo de fait. La présence des congressmen consacre encore une fois l’énorme travail accompli par les ONG américaines qui ont été à l’avant-garde du combat pour les droits de l’homme dans les territoires occupés. La fondation Kennedy, qui fait partie de ces organisations, avait recensé ces violations dans un rapport documenté sur les dépassements des forces de sécurité marocaines contre la population sahraouie entre juillet et décembre 2015. Un engagement citoyen qui contraste singulièrement avec le travail du Commissariat onusien pour les droits de l’homme lourdement noyauté et corrompu par les Marocains.
Les révélations sur cette affaire renseignent sur l’inefficacité d’un organisme censé défendre les civils sahraouis. De là à dénigrer le travail de l’ONU ? Ban Ki-moon aura eu au moins le mérite d’être le dynamiteur d’une situation ankylosée par des années d’un silence international complice des exactions marocaines.
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