C’est assurément une tragédie qui vient de frapper le peuple sahraoui avec le décès de son charismatique chef militaire, Mohamed Abdelaziz, et par ailleurs président de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd), pour laquelle il aura donné toute son énergie jusqu’à son dernier souffle.
L’annonce de sa mort, hier, après une longue maladie, a ébranlé tous ceux qui ont pu approcher cet homme si affable et si attachant malgré les péripéties d’une vie passée à lutter pour la récupération de la terre de son peuple dont il a été spolié par le colonialisme marocain.
Feu Mohamed Abdelaziz incarne admirablement le combat vaillant du peuple sahraoui pour son autodétermination depuis le départ des Espagnols en 1975.
C’est un dirigeant qui a quasiment grandi les armes à la main tant il n’a jamais connu, à l’image de son peuple, les délices de la liberté et de l’indépendance. Il aura alternativement combattu l’occupant marocain en uniforme et en costume sur la scène diplomatique, 39 ans et 9 mois durant sous sa double casquette de secrétaire général du Front Polisario et président du Conseil de commandement de la révolution. Cette lutte au long courrier n’a pas beaucoup d’égale dans le monde entier. Cet homme au destin exceptionnel qui a épousé la cause de son peuple rappelle le combat de la même veine mené par le défunt président de la Palestine, Yasser Arafat. Les leaderships d’Abdelaziz et Arafat sont admirables de constances, de persévérance et de sacrifice. Leurs personnes se confondent avec leurs peuples et les causes pour lesquelles ils luttaient. Ironie du sort, ces deux hommes ont dû mourir avant de goûter à la joie de l’autodétermination et de la récupération de la souveraineté de leurs peuples sur leurs terres respectives.
Ironie du sort
Ce sont deux leaders connus et reconnus et deux symboles de la lutte des peuples pour avoir le droit de disposer d’eux-mêmes.
Preuve de la relation fusionnelle entre feu le président Mohamed Abdelaziz et son peuple, il a été réélu haut la main à ses fonctions en 1985, 1989, 1991, 1999, 2003 et 2007. Cette confiance, Abdelaziz la devait à sa foi inébranlable de la justesse de la cause qu’il défendait et son refus de transiger sur le destin de son peuple ni céder un lopin de cette terre certes aride mais ô combien chère à son peuple. Depuis le cessez-le-feu en 1991, le président de la Rasd a pris son bâton de pèlerin pour aller sillonner le monde et crier la douleur de son peuple sur toutes les tribunes.
Il réussira à susciter un large élan de sympathie pour sa cause et davantage de soutiens y compris parmi les pays occidentaux qui ne goûtent pas spécialement ce genre de causes.
Le globe-trotter de la paix
En Afrique, en Amérique Latine et en Asie, Mohamed Abdelaziz a déployé un réseau diplomatique qui a fini par tisser des liens solides avec les establishments. Un travail de fond méritoire qui a su et pu contrecarrer la redoutable machine de lobbyiste déployée par l’occupant marocain à coups de millions de dollars. Le fait est que la cause sahraouie se soit maintenant imposée dans l’agenda international comme une question en instance de règlement.
Aussi le Sahara, est-il inscrit comme un «territoire non autonome» aux Nations unies qui ne reconnaissent pas la prétendue souveraineté marocaine.
C’est dire que Mohamed Abdelaziz et ses collaborateurs aura fait un travail de fourmi qui a permis de ne pas enterrer une cause pour laquelle sont morts des milliers de Sahraouis. Signe de cet engagement ininterrompu, Mohamed Abdelaziz a été même élu vice-président de l’OUA en 1985, puis de l’Union africaine en 2007, pendant que le Maroc fut contraint de quitter l’organisation continentale.
Ces succès à l’international n’ont pas empêché ce modeste personnage atypique de rester dans ses tout aussi modestes locaux de président de la Rasd dans le camp des réfugiés de «Rabouni» pas loin de Tindouf. jusqu’à sa mort. Mais la cause est loin d’être perdue car Mohamed Abdelaziz a fait des «petits»… Il a instillé l’esprit révolutionnaire aux jeunes Sahraouis abreuvés d’engagement et armés de sciences et de technologies. La relève est assurée, reposez en paix Président. Respect.
Hassan Moali
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