De notre envoyée spéciale à Tindouf, Abla Cherif
La dépouille de Mohamed Abdelaziz est arrivée hier à Tindouf. Des représentants des plus hautes autorités algériennes lui ont rendu un dernier hommage lors d’une cérémonie empreinte d’émotion.
Le cercueil arrive vers 12h30 en provenance de Washington, où le défunt avait été évacué pour y subir des soins intensifs. Il est recouvert de l’emblème national sahraoui. Une importante délégation algérienne était déjà sur place depuis plus de deux heures. Sont présents : le Premier ministre, le vice-ministre de la Défense nationale, les ministres des Affaires étrangères, de la Coopération maghrébine, celui des Anciens Moudjahidine et le président du Conseil de la nation. A leurs côtés, également le patron de la Protection civile, le colonel Hebiri, et le chef de la 3e Région militaire (Béchar), le général-major Chengriha. Parmi la délégation se trouvent également des chefs de partis politiques, des députés du FLN et le responsable des scouts. Des délégations étrangères sont également présentes en nombre.
Il y a là les représentants du Congress américain, des ambassadeurs de pays africains, du HCR (Haut Commissariat aux réfugiers), des ONG espagnoles et des sympathisants, des amis de la cause sahraouie. Tous ou presque ont connu Mohamed Abdelaziz. Aujourd’hui, ils viennent lui rendre un dernier hommage. Alignés sous un soleil de plomb à l’aéroport de Tindouf, ils assistent en silence à l’arrivée de la dépouille. Le cercueil est recouvert d’un drapeau sahraoui flambant neuf. Un imam est là pour la lecture de la Fatiha. La cérémonie qui se déroule à l’aéroport prend fin en 15 minutes. Le cortège funèbre s’ébranle ensuite, pour se rendre au siège de la présidence sahraouie où le corps sera exposé.
Des gendarmes et des militaires sont disposés tout le long du trajet pour former une haie d’honneur. La situation est exceptionnelle, l’évènement est lourd. Des groupes de Sahraouis, qui attendent depuis des heures le passage du cortège, font le V de la victoire. Les rares véhicules qui circulent à Tindouf sont priés de s’arrêter sur le côté. L’ambulance qui transporte le cercueil fend la route à vive allure. L’arrivée à la présidence sahraouie se fait vers 14h30. Le cortège s’immobilise entre deux haies d’honneur formées par des militaires sahraouis.
La veuve du défunt et les sœurs de ce dernier avancent les premières. Le reste suit. On serre la main aux officiels sahraouis, aux dignitaires, aux membres de la famille de Mohamed Abdelaziz. L’hommage débute. Une très longue file se forme pour jeter un dernier regard sur la dépouille. Aux portes du siège de la présidence sahraouie, des cris se font entendre. Une foule brandit des drapeaux en scandant : «N’aie crainte Mohamed, ton combat se poursuivra», «vive l’Algérie, tous nos remerciements.» Des dignitaires versent des larmes. Mouloud Saïd, représentant du Front Polisario à Waschington, est en sanglots. «Je suis désolé, je ne peux pas retenir mes larmes. J’étais avec lui jusqu’au dernier moment.
Les médecins étaient surpris par son courage. Il était vraiment serein.» Mouloud Saïd s’essuie les yeux : «Il savait qu’il n’en avait plus pour longtemps, mais il restait préoccupé par la situation. Sachant qu’une délégation du Congress américain se trouvait à Tindouf, il voulait que je le laisse pour aller m’occuper d’eux. Il nous a également réclamé la télévision algérienne. Il il voulait voir le JT de 20h comme à son habitude. Alors, nous lui avons acheté un petit appareil qui capte Alger. Il aimait beaucoup l’Algérie.»
M’hamed Kheddad, coordinateur du Front Polisario avec la Minurso, a lui, aussi, beaucoup de peine à retenir son émotion. «C’est une grande perte, il a su maintenir la cohésion et l’espoir. Je pense que le meilleur hommage qu’on puisse lui rendre est de poursuivre le combat avec la même détermination et la même force pour atteindre l’objectif pour lequel il s’est sacrifié sans répit pendant de longues années.
Le peuple sahraoui va continuer sa lutte et j’espère que la communauté internationale mettra à exécution ses décisions». Mohamed Abdelaziz sera inhumé aujourd’hui à Bir-Lahlou dans les territoires sahraouis libérés, selon ses dernières volontés.
A. C.
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