Mohamed Abdelaziz inhumé à Bir Lahlou: Adieu Président

Au milieu du désert, le silence habituel a été interrompu par le bruit des pas de plusieurs centaines de Sahraouis venus dire adieu à leur Président. De Rabouni, Smara, Dhakhla Laâyoun, Aouset… le peuple s’est dirigé comme un seul homme vers le territoire libéré de Bir Lahlou. Mohamed Abdelaziz décédé le 31 mai, était, à l’aube de la matinée d’hier, enterré sous cette terre qu’il ne verra jamais indépendante.
Quand un homme a accompli son devoir envers les siens et son pays, il peut reposer en paix, c’est le cas du défunt Mohamed Abdelaziz. Cet homme qui a vécu en combattant légitimement à la tête de ses courageux compagnons le colon marocain, et qui a consacré toute sa vie à la cause de son peuple, a été inhumé devant les yeux en larmes de ses compatriotes, au lieu même de la proclamation de la Rasd en 1976, dans le territoire libéré de Bir Lahlou. 
Le désert n’a jamais été aussi bruité, jamais peuplé que cette matinée d’hier. A 9 heures locales (10h heure d’Alger), ont débuté des funérailles d’Etat, marquées par des honneurs militaires. La cérémonie, qui a rassemblé plusieurs centaines de personnes, dont des responsables et simples citoyens du monde, a été marquée par le discours de Mohamed Lamine Mohamed, premier fondateur du Front Polisario. 
«Mohamed demeurera vivant», lance-t-il avec une voix étouffée. «Nous n’allons pas perdre notre objectif de vue. Notre frère est mort, mais son combat nous allons le perpétuer jusqu’à la fin», enchaîne l’ex-Premier ministre de la Rasd. «La réaction des Marocains suite au décès de notre Président n’est qu’une preuve de plus de leur mépris envers nous», s’est-il indigné. 
Il a appelé le peuple sahraoui à ne pas se laisser «abattre» par ce triste évènement national. 
La presse marocaine, quelques instants après l’annonce du décès du président sahraoui, avait multiplié les messages volontairement maladroits. Certains médias avaient carrément signifié que le combat de Mohamed Abdelaziz était «une cause perdue».
Un lieu hautement symbolique
Les funérailles ont duré plus de deux heures, avec un caractère clairement plus intime que les hommages des derniers jours, en particulier l’hommage qui lui a été rendu à Alger, puis à Tindouf, vendredi dernier, par la présence des officiels algériens.
Le choix du lieu de l’enterrement était «une évidence», affirment les dirigeants de la Rasd. C’est, en effet, en territoire libéré de Bir Lahlou. C’est sur ces dunes rocheuses et ensablées qu’a eu lieu le 27 février 1976 la proclamation pour la première fois de la République arabe sahraouie démocratique. Cet endroit sera désormais le carré des martyrs. 
Le président Abdelaziz est le premier à y être enterré. 
Les nomades sahraouis qui peuplent Bir Lahlou auront avec eux l’âme de leur Président qui «planera toujours au-dessus de nous comme un rappel perpétuel au maintien de nos valeurs et de nos principes», témoignent les habitants de ce territoire libéré.
Pendant deux heures, le Sahara occidental est resté figé. 
Les quelques magasins qui activent dans les camps de réfugiés de Tindouf ont tous baissé rideau. Pou un dernier au revoir.
Aux quatre coins des camps de réfugiés, tous n’ont pas pu se déplacer jusqu’au lieu de l’enterrement. Tous les accès routiers sont le lieu de convergence de centaines de résidents des camps de Tindouf, espérant pouvoir se glisser à l’intérieur des véhicules qui se dirigeaient vers le Sahara occidental.«Je suis là depuis hier soir, j’ai dormi à l’arrière d’un pick-up», déclarait Fatimatou. 
«Peut-être qu’ils vont me laisser partir avec eux. Ce serait bien de pouvoir dire au revoir.» 
D’autres se résignaient à n’avoir pas accès en pleurant.
De notre envoyée spéciale à Bir Lahlou, Sahara occidental, Thanina Benamer


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