Alors que le Maroc se fait le chantre des droits de l’homme en organisant le Forum mondial des droits de l’homme à Marrakech fin novembre, Naâma Asfari entame sa cinquième année de détention arbitraire après avoir été torturé et condamné sur la base d’aveux forcés.
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Alors que le Maroc se fait le chantre des droits de l’homme en organisant le Forum mondial des droits de l’homme à Marrakech fin novembre, Naâma Asfari entame sa cinquième année de détention arbitraire après avoir été torturé et condamné sur la base d’aveux forcés.
Ce défenseur des droits de l’homme sahraoui a été arrêté à Laayoune, dans la région du Sahara occidental sous occupation marocaine, le 7 novembre 2010, la veille du démantèlement du camp de Gdeim Izik. Ce camp avait été érigé un mois plus tôt par des milliers de Sahraouis pour protester contre les discriminations économiques et sociales dont ils s’estiment victimes de la part du gouvernement chérifien. Lors du démantèlement du camp par les forces de sécurité, des affrontements éclatent avec les manifestants. Neuf soldats marocains sont tués selon les autorités marocaines. En représailles, les forces de sécurité se livrent à des vagues d’arrestation assorties de torture.
Naama Asfari est arrêté dans la violence, puis il est interrogé et torturé pendant cinq jours, d’abord au poste de police puis à la gendarmerie de Laayoune. Le 12 novembre 2011, il est brièvement présenté au tribunal pour signer un registre sous la contrainte, puis il est transféré avec d’autres codétenus sahraouis à la prison de Salé à Rabat, pour être poursuivis par la justice militaire, en dépit de leur qualité de civils.
Le 16 février 2013, Naâma Asfari et ses 23 codétenus sont condamnés par le tribunal militaire à l’issue de neuf jours de procès inéquitable marqué notamment par la prise en compte d’aveux arrachés sous la torture. Aucune expertise médicale ni enquête n’a été diligentée concernant les allégations de sévices formulées à plusieurs reprises par la quasi-totalité des accusés.
Naâma Asfari écope d’une peine de trente ans d’emprisonnement. Un verdict qui n’est pas susceptible d’appel.
Contexte
En octobre 2010, des milliers de Sahraouis vivant dans des villes situées dans la partie du Sahara occidental sous administration marocaine, ont quitté leur résidence pour s’installer dans des camps temporaires à la périphérie des villes. Il s’agissait là d’une mobilisation collective spectaculaire destinée à protester contre les discriminations économiques et sociales dont les Sahraouis s’estiment victimes de la part du gouvernement marocain.
Le 8 novembre 2010, les militaires marocains, armés de canons à eau et de bombes lacrymogènes, ont attaqué le camp de Gdeim Izik occupé par près de 20 000 Sahraouis. Au cours de l’évacuation forcée du camp, des affrontements ont éclaté entre l’armée et des manifestants sahraouis, au cours desquels neuf soldats marocains auraient trouvé la mort. S’en est suivie une violente vague de répression menée par les forces de sécurité marocaines, avec l’appui de civils marocains résidant en territoire sahraoui. Elles ont ainsi ouvert le feu sur des civils dans la ville d’El-Ayoun, saccagé des maisons et passé à tabac leurs habitants. Des centaines de militants sahraouis ont été arrêtés, dont plusieurs ont déclaré avoir été torturés.
Naama Asfari, défenseur des droits de l’homme, fait partie du groupe des 22 militants sahraouis condamnés par la justice militaire. Il a été condamné à 30 ans d’emprisonnement sur la base d’aveux qu’il assure avoir signés sous la torture. Le 20 février 2014, l’ACAT a déposé deux plaintes pour torture en son nom. L’une devant le Comité contre la torture des Nations unies, contre le Maroc auquel l’ACAT et M. Asfari reprochent notamment de n’avoir pas enquêté sur les allégations de torture et d’avoir pris en compte les aveux forcés. L’autre plainte est une plainte pénale déposée en France contre les tortionnaires présumés de M. Asfari.
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