L’émouvant message de solidarité adressé par la fille de l’ancien président américain, John-Fitzgerald Kennedy, au peuple algérien a fait des dégâts au Maroc. Caroline Kennedy a provoqué un véritable séisme au cœur du Makhzen, en rendant ainsi un hommage soutenu à l’Algérie à l’occasion de sa fête de l’Indépendance.
C’est par le biais d’un «lobbyiste» de service – encore un ! – que le palais de Rabat a riposté à cette intervention de l’ambassadrice des Etats-Unis à Tokyo, qui a rappelé les positions de son père, engagé, à partir du Sénat puis de la Maison-Blanche, en faveur de la lutte des Algériens pour le recouvrement de leur liberté. «Le message vidéo de l’ambassadrice des Etats-Unis au Japon dans lequel elle tresse des louanges au régime algérien, à l’occasion de la fête nationale de l’Algérie, relève d’un acte bizarre et sans précédent dans les annales diplomatiques américaines», a, en effet, déclaré à l’agence officielle du Makhzen, Peter Pham, le directeur d’une institution appelée pompeusement «Africa Center», relevant, selon la MAP, de l’«influent» think tank dénommé Atlantic Council.
Peter Pham crie à l’hérésie diplomatique : «Il est manifestement inhabituel, sinon entièrement sans précédent, qu’un ambassadeur américain accrédité dans un pays donné adresse des messages de félicitations à un autre pays qui se trouve à l’autre bout du monde.»
Le Maroc a, vraisemblablement, reçu une sérieuse taloche, au point que Rabat accuse Caroline Kennedy, militante des causes justes, au premier rang desquelles le combat du peuple sahraoui pour son indépendance, de «faire peu de cas de l’héritage politique de son père (…) et de ses relations avec le Maghreb». S’érigeant sans vergogne en donneur de leçons, Peter Pham prodigue des cours de protocole à l’ambassadrice américaine – rien que ça ! : «La sortie de Caroline Kennedy apporte malheureusement la preuve que des choses étranges arrivent lorsque des personnes sans formation diplomatique sont nommées dans des capitales mondiales.»
Poursuivant dans la même tartufferie et la même hypocrisie, le sujet extra-marocain de «sa majesté» conseille indirectement à Caroline Kennedy de prendre exemple sur l’ambassadrice des Etats-Unis à Alger, Joan Polaschik, «une diplomate de carrière», tandis que la représentante des Etats-Unis dans la capitale nippone «qui a connu la célébrité depuis sa tendre enfance, ne se prévaut d’aucun vécu diplomatique antécédent à sa nomination à Tokyo et encore moins de s’ériger en experte des affaires maghrébines». Et de poser cette question niaise : «Par cet acte, l’ambassadrice Kennedy cherche-t-elle à forcer la main aux décideurs à Washington ?»
Le message d’amitié de Caroline Kennedy aux Algériens est resté en travers de la gorge de Mohammed VI et de sa suite, mais ça leur passera…
Karim Bouali
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