C’est un revers diplomatique que vient de subir le Maroc. La Mauritanie, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, semble rejoindre la position algérienne soutenant le droit du peuple sahraoui à jouir de son indépendance.
Le congrès extraordinaire du Front Polisario en a donné la preuve, avec cette présence remarquée d’officiels mauritaniens aux travaux. La présence de la délégation dépêchée de Nouakchott, conduite par Sidi Ould Zine, membre du bureau politique du parti au pouvoir, l’Union pour la République, et ancien ministre de la Justice, est un signal fort du président Mohamed Ould Abdelaziz qui montre que les temps ont changé et que son pays a changé de camp.
La Mauritanie qui, jusque-là, ne reconnaissait pas la Rasd, a, par sa présence aux camps des réfugiés sahraouis, irrité le régime du Makhzen. La presse marocaine proche du Royaume, qui a eu vent de ce revirement, a critiqué son voisin mauritanien. A Tindouf, les représentants de la Mauritanie ont soigneusement choisi de se mettre aux côtés des Algériens. En pratique diplomatique, on est loin de la coïncidence quand il s’agit d’envoyer des messages. Une preuve de plus de ce changement de cap et de camp : la mission mauritanienne était composée du président de l’Union des forces du progrès ainsi que de députés membres du groupe d’amitié parlementaire entre la Mauritanie et le Polisario. Pourtant, les signes d’un revirement ne datent pas du dernier congrès extraordinaire du Front Polisario, puisque le président mauritanien, Mohamed Ould Abdelaziz, avait déjà décrété trois jours de deuil national suite au décès, le 31 mai, du président sahraoui, Mohamed Abdelaziz.
Aucun pays de la région n’a fait de même, si l’on excepte l’Algérie qui a observé huit jours de deuil. Plus que ça, le ministre mauritanien des Affaires islamiques et de l’Enseignement originel, Ahmed Ahl Ould Daoud, avait même été dépêché pour assister à la cérémonie d’inhumation de l’ancien chef du Polisario à Bir Lahlou. Est-ce des gestes qui précèdent une reconnaissance officielle du Sahara occidental par le voisin mauritanien ? La thèse a tout l’air d’être crédible et les médias marocains, pris de panique, en donnent un aperçu de l’interprétation par le régime de Mohammed VI de ce rapprochement. Le Maroc est bel et bien en phase de perdre un allié dans son plan de large autonomie concernant le Sahara occidental.
D’ailleurs, certaines sources en Mauritanie ont même été jusqu’à annoncer à des médias locaux que leur pays songe à l’ouverture d’une représentation diplomatique au Sahara occidental. D’après les mêmes rapports médiatiques, c’est lors du déplacement, le 24 mai à Alger, du ministre mauritanien des Affaires étrangères, Isselkou Ould Ahmed Izid Bih, que le chef de la diplomatie mauritanienne avait fait part de ce projet et des intentions de son pays. Quoi qu’il en soit et même si le même ministre déclarait, le 23 juin à Rabat, que la position de son pays sur la question du Sahara occidental «n’a pas changé», tous les récents rebondissements plaident le contraire.
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